11 septembre, 2019

Brexit : la victoire de l’Allemagne

De report en report, le Brexit finira bien par avoir lieu un jour, et ce ne sera pas une bonne nouvelle pour la France. Dans la nouvelle Union européenne qui va se construire avec l’absence du Royaume-Uni, la France sera seule face à l’Allemagne. Le Brexit, en privant l’Union d’un poids lourd politique et économique, va assurer la suprématie de l’Allemagne sur l’ensemble du continent européen. Nous voilà revenus aux alentours des années 1870 quand l’Angleterre, prise dans son splendide isolement, a laissé l’empire prussien croître en Europe, au détriment de ses voisins.

 

L’Allemagne contrôle l’UE

 

Qu’est-ce que l’Union européenne, sinon une sorte de IVe Reich imposé sans la force des armes ? Du fait de sa longévité politique, Angela Merkel est la figure politique européenne incontournable et la véritable dame aux commandes du continent. Ce sont les Allemands qui ont le plus de sièges au Parlement (99) et qui l’ont dirigé à deux reprises. L’actuel président du Parlement, l’Italien David Sassoli, a été élu grâce au soutien de l’Allemagne. Sur les 14 vice-présidents du Parlement, on compte trois Allemands et un Autrichien, et aucun Français. Neuf vice-présidents sont issus de l’ancien empire allemand (Hongrie, Tchéquie, Pologne, Autriche, Allemagne). L’Allemagne a également pris le contrôle de la Commission européenne avec Ursula von der Leyen. À ce contrôle politique s’ajoute le contrôle économique : l’euro est un deutschemark qui avance masqué. En contrôlant la dette de plusieurs États, dont la Grèce et l’Italie, l’Allemagne s’assure de leur fidélité politique. La puissance allemande est aussi stratégique. Les services de renseignements allemands sont présents en Ukraine et ils ont joué un rôle de premier plan dans la crise qui secoue le pays depuis plusieurs années. Ils ont favorisé le pourrissement de la situation et les évolutions politiques, Berlin considérant qu’une Ukraine affaiblie contribue à diminuer la puissance russe. Il en va de même dans les Balkans, où Berlin continue de surveiller les évolutions politiques et d’intervenir en sous-main dans le processus d’adhésion des anciens pays de la Yougoslavie. Toute cette zone, qui fut autrefois sous pavillon autrichien, est aujourd’hui dans la zone d’influence allemande.

 

La politique migratoire suivie par l’Union européenne est celle que lui a dictée Berlin, estimant qu’il fallait faire venir des migrants de Syrie pour pallier son manque de main-d’œuvre et maintenir le train de vie des retraités allemands. Même si cette politique a ébranlé le parti d’Angela Merkel, force est de constater que la chancelière est toujours là, alors que beaucoup ne donnait pas cher de son avenir à l’automne 2018. Elle a su habilement manœuvrer pour conserver son poste. Ce que Berlin a voulu en matière migratoire s’est imposé au reste de l’Union.

 

Une France qui abdique sa puissance

 

Face à cela, la France ne pèse pas beaucoup. Incapable de réformer son économie, de réduire le poids de sa dette, de libérer ses entreprises du contrôle tatillon de l’État, la France semble avoir renoncé à la puissance. Il lui reste un outil militaire de grande capacité s’il n’était cette idée stupide de vouloir à tout prix créer une armée européenne, qui ne pourrait pas être autre chose qu’une armée allemande à drapeau européen. Pourquoi vouloir fournir à l’Allemagne la capacité militaire qu’elle n’a pas, alors que cela ne sert nullement les intérêts français ? La France a abdiqué sa puissance et cherche à développer un couple franco-allemand qui la dessert et ne profite qu’à l’Allemagne. On cherche à faire croire que l’Union européenne a permis la paix sur le continent, ce qui est faux. C’est parce que les nations étaient en paix qu’elles ont édifié l’UE et non pas l’inverse. L’Union s’est révélée incapable de résoudre le conflit yougoslave hier et le conflit ukrainien aujourd’hui. Ce sont toujours les nations qui ont mis un terme aux guerres, avec l’aide des États-Unis.

 

Une France nue en quête d’alliance

 

Face à l’Europe allemande que sera une Union sans le Royaume-Uni, que peut faire la France ? D’abord retrouver une vitalité économique et industrielle, en faisant enfin les réformes différées depuis trop longtemps. Le budget 2020 annoncé par le gouvernement Philippe va dans l’exact sens opposé. Aucune réduction de la dépense publique et de la dette n’est prévue. Or face à la puissance économique allemande, il faudra bien opposer, si nous voulons continuer à exister, une puissance économique française.

 

Ensuite, trouver des alliances. À l’intérieur de l’Union européenne, il est vital de se rapprocher de l’Italie et de constituer un axe latin. Il serait aussi possible de le faire avec l’Espagne, mais l’actuel gouvernement espagnol est trop fantasque et imprévisible pour que l’on puisse tenter quoi que ce soit avec lui. Peu importe que le gouvernement italien compte dans ses rangs des membres de la Ligue ou non. L’Italie est notre allié naturel sur le flanc de l’Europe du Sud. Or en France, si l’on regarde beaucoup vers Londres, les États-Unis ou Berlin, l’Italie est souvent absente de notre horizon géopolitique. C’est un tort, car les deux pays ont beaucoup de choses en communs, et pas seulement une histoire d’invasions mutuelles.

 

Il est aussi nécessaire de mettre en place des alliances de revers. Vers les pays baltes d’une part, vers les pays d’Europe centrale d’autre part. Mais à force de vouloir opposer les progressistes aux nationalistes, notre diplomatie s’est coupée de tout le monde. On ne peut pas insulter la Hongrie et la Pologne et ensuite chercher à s’allier avec eux. Or il serait tout à fait possible de se rapprocher du groupe de Visegrad. Mais cela suppose comme préalable d’avoir une diplomatie moins européiste.

 

À l’extérieur, la France pourrait développer des liens diplomatiques privilégiés avec deux pays : la Russie et le Brésil. Là aussi, les liens culturels, économiques et politiques sont anciens et ces pays savent se connaître et s’apprécier. L’alliance avec la Russie s’est toujours construite dans une opposition à l’Allemagne. Paris a son pont Alexandre III, Saint-Pétersbourg a celui de la Trinité ; les deux ont été édifiés en hommage à l’alliance franco-russe. Quant au Brésil, il aurait été judicieux de tendre la main à Jair Bolsonaro et de développer la coopération avec ce grand pays, plutôt que de lui jeter des amabilités à la figure et de s’étonner ensuite qu’il réplique par des propos discourtois eu égard au physique de l’épouse du président. Ces propos de cours d’école n’ont pas vraiment leur place dans la diplomatie internationale et le concert des nations.

 

Engluée dans son moralisme diplomatique et enfermé dans sa vision binaire du monde, la diplomatie française se révèle incapable de comprendre les grands enjeux du moment et de tisser des partenariats réalistes et nécessaires avec des pays qui peuvent être nos alliés. Au lieu de cela, l’Union européenne, qui pourrait être utile dans le monde multipolaire présent, n’est plus une union, mais une domination de l’Allemagne sur l’ensemble du continent.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

24 Commentaires

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  • leprat

    2 mars 2020

    les gens de bien et les gens d esprit manquent cruellement de bon sens …….. ce que vous dites est fort juste , vis a vis de l Allemagne, mais la mécanique stratégique et politique de l union européenne a un encéphalogramme plat , il n y a aucune volonté politique européenne commune c’est une evidence , les anglais ont bien fait de se tirer de cette mascarade ,de plus pour ma part je me sens tous les jours de plus en plus a l étroit dans cette prison moraliste et répressive qui s appelle la France
    fou est le royaume gouverné par un enfant …..dit l adage me semble il ……

    Répondre
  • Beveraggi

    30 septembre 2019

    Ah… si Bainville était là !

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  • Faïk Henablia

    13 septembre 2019

    L’armée européenne existe déjà et s’appelle OTAN, sous le parapluie de laquelle nous avons pu tranquillement développer notre capacité nucléaire. Prétendre autre chose n’est que du slogan européiste. Est-il sérieux d’envisager une défense européenne sans les Etats Unis et sans l’Angleterre, quand-bien même celle-ci aurait quitté l’UE?
    La sécurité et la défense sont en effet les seuls intérêts convergents de toutes les démocraties de l’Europe, au sens large et au delà de l’UE.

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  • Francis

    12 septembre 2019

    Merci pour ce billet, matière à réflexion.

    Vous écrivez:
    « La politique migratoire suivie par l’Union européenne est celle que lui a dictée Berlin ».
    Peut-on vraiment dire que l’africanisation et surtout l’islamisation de la France est due à Mme Merkel? Certes, elle n’a rien arrangé, mais les initiateurs et continuateurs de cette politique sont bien nos dirigeant depuis 40 ans.

    On pourrait dire la même chose de notre éducation nationale complètement aux mains de la gauche depuis que (effet de l’âge) ont totalement disparu les enseignants survivants de 68. Avec des effets les plus dévastateurs sur bien des fronts.

    L’endettement croissant de la France et son corollaire (la fiscalité confiscatoire).

    Les abus auxquels se prête si facilement notre système social dont nous sommes invités à être fiers.

    Les administrations (à tous les échelons) pléthoriques.

    L’Allemagne est pour bien peu dans tous ces problèmes bien de chez nous.

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    • Jean-Baptiste Noé

      12 septembre 2019

      Ces problèmes sont en effet typiquement français. J’évoquais ici la gestion de la crise migratoire de l’été 2015, où une grande partie de l’UE s’est alignée sur la position allemande.

  • DIDIER

    12 septembre 2019

    accélérateurs.

    Par dépit, la France est en train de tester le voie 4).

    Avec les USA, sauf que les US nous considèrent comme bien chiantils. Ils ne nous accepteront jamais comme autre chose que de serviles vassaux. Okay (à prononcer avec l’accent de Christian Clavier dans « les visiteurs » pour bien avoir l’image).

    Avec les russes, sauf que les systèmes politiques vont être un petit peu difficiles à concilier. Sans parler des problèmes de crime organisé.

    Avec les chinois, idem, avec encore moins de proximité culturelle.

    Le Brésil? Grand pays par la population et la géographie, mais c’est tout. Une économie avec d’énormes hauts et bas. Une histoire avec l’Europe avec des blessures non refermées.

    L’Indonésie, idem, avec moins de blessures historiques.

    Cette voie 4) en tant que voie principale est simplement une impasse.

    En conclusion, plutôt que développer des efforts énormes à abaisser le premier, on pourrait peut-être mettre son énergie à vraiment coopérer avec lui.

    La France ne semble pas comprendre que l’Allemagne est très demandeuse.
    La démographie allemande ne va pas lui permettre de maintenir son niveau de vie.
    ex: environ 15% des ouvriers du bâtiment ont plus de 55 ans, d’après ce que j’ai entendu.

    La France peut utiliser le système de pensée allemand à son profit.
    Cerise sur le gâteau, les allemands seront reconnaissants et heureux de connaître une autre culture.

    Mais il ne faut pas leur imposer sa grande gueule.

    L’Allemagne a accueilli, nourri, logé, éduqué environ 300 000 réfugiés dans des conditions décentes, pendant que la France 40 000 dans des conditions souvent indignes.
    Mais ces allemands décidément n’ont pas de coeur…

    Répondre
  • DIDIER

    12 septembre 2019

    Pas du tout d’accord avec l’analyse.
    Très très française à mon goût.

    ____

    L’Allemagne est simplement EFFICACE.
    C’est un pays qui a été par terre suite à deux guerres mondiales et qui revenu à chaque fois au premier plan européen.
    Ou en est la France? Un PIB par habitant au niveau du Portugal. Belle réussite.

    _____

    L’Allemagne ne veut pas dominer l’Europe en tant que tel.
    La culture allemande est avant tout égoïste, centrée sur elle-même. Elle vise au plus haut niveau de vie possible pour ses citoyens.
    La culture est mercantile.

    Pour faire simple, la mentalité allemande est :
    Je fabrique ce que tu veux acheter.
    J’accrois ma richesse en retour.
    Copain européen, tu veux participer à ce schéma. Super, on sera plus efficace (donc moi aussi).
    Tu ne veux pas, tant pis. Je peux faire sans toi.
    Si tu t’opposes à mon bien-être, alors on ne va rapidement plus s’entendre.

    On peut trouver cela petit, mais c’est comme cela. 80 millions d’allemands vivent autrement (et mieux en moyenne) que 65 millions de français.

    ____

    Vu par le cancre de la classe, le premier est toujours dominateur, même si, dans les faits, il se contente de résoudre ses problèmes de maths plus vite que le autres, sans la ramener et dans emmerder personne.
    Le cancre ne peut supporter le fait que le premier le fasse indirectement apparaître au reste du monde pour ce qu’il est.

    Le cancre a alors quatre choix:
    1) So what? C’est la vie. Je m’en tirerai autrement.
    2) Je vais me rapprocher du premier de la classe. Si ce n’est pas un salaud, il va me tirer vers le haut. Il aura sûrement quelque chose à apprendre de moi.
    3) Je vais rabaisser le premier de la classe à mon niveau en m’alliant à d’autres cancres. La quantité sera supérieure à la qualité.
    4) Je vais rabaisser le premier de la classe en m’alliant à encore plus fort que lui.

    La voie 1), au niveau des grands peuples ne semble pas possible. Il y a toujours un leader égotique qui change de voie à un moment.
    Au niveau des petits pays, est-ce forcément toujours un mal? ex: Danemark, Singapour, Suisse…
    Ces pays étaient nulle part, il y a 150 ans.
    Le grand risque est de se faire envahir. ex: Tibet.

    La voie 2) a été à l’origine de l’Union Européenne des 6.
    Cela a plutôt bien marché pendant 25 ans.

    On a dérivé sur la voie 3 avec l’élargissement.
    La France et d’autres ont fait entrer des cancres pour les tirer vers le haut, mais aussi pour éviter de montrer qu’elle en devenait un cancre.
    On aurait pu tirer ces pays vers le haut par d’autres moyens.
    Mais la France a des « élites » politiques miteuses, avec une culture colonialiste/mondialiste surannée.
    Wake-up guys, la France, c’est moins de 1% de la population mondiale.
    Tous les empires européens ont disparu pour cette simple raison. Les guerres mondiales n’ont été que des accélérateurs.

    Par dépit, la France est en train de tester le voie 4).

    Avec les USA, sauf que les US nous considèrent comme bien chiantils. Ils ne nous accepteront jamais comme autre chose que de serviles vassaux. Okay (à prononcer avec l’accent de Christian Clavier dans « les visiteurs » pour bien avoir l’image).

    Avec les russes, sauf que les systèmes politiques vont être un petit peu difficiles à concilier. Sans parler des problèmes de crime organisé.

    Avec les chinois, idem, avec encore moins de proximité culturelle.

    Le Brésil? Grand pays par la population et la géographie, mais c’est tout. Une économie avec d’énormes hauts et bas. Une histoire avec l’Europe avec des blessures non refermées.

    L’Indonésie, idem, avec moins de blessures historiques.

    Cette voie 4) en tant que voie principale est simplement une impasse.

    En conclusion, plutôt que développer des efforts énormes à abaisser le premier, on pourrait peut-être mettre son énergie à vraiment coopérer avec lui.

    La France ne semble pas comprendre que l’Allemagne est très demandeuse.
    La démographie allemande ne va pas lui permettre de maintenir son niveau de vie.
    ex: environ 15% des ouvriers du bâtiment ont plus de 55 ans, d’après ce que j’ai entendu.

    La France peut utiliser le système de pensée allemand à son profit.
    Cerise sur le gâteau, les allemands seront reconnaissants et heureux de connaître une autre culture.

    Mais il ne faut pas leur imposer sa grande gueule.

    L’Allemagne a accueilli, nourri, logé, éduqué environ 300 000 réfugiés dans des conditions décentes, pendant que la France 40 000 dans des conditions souvent indignes.
    Mais ces allemands décidément n’ont pas de coeur…

    Répondre
    • breizh

      18 septembre 2019

      merci pour cet éclairage.

      vu l’incapacité de la France à simplement gérer correctement son économie, nous n’existons plus aux yeux de la plupart des autres pays.
      L’orgueil de nos dirigeants les rend aveugles à la réalité.

    • cedivan

      20 septembre 2019

      Certes. Notez quand même que l’Allemagne s’est rapidement remise des deux guerres grâce aux USA et aux anglais qui ont toujours tout fait pour que la France ne puisse pas prendre le dessus. Cf les réparations notamment….

  • Arsene Holmes

    12 septembre 2019

    Le principal problème du Monde, non pas seulement de l’Europe depuis 150 ans est le containment de l’Allemagne et maitriser sa puissance

    – Ca a commencé avec Bismark et la guerre de 1870. Enormes réparations Francaises payées rubis sur l’ongle immédiatement

    – Première guerre mondiale
    Réparations Allemandes jamais repayées

    – Deuxième guerre mondiale
    Plan Marchall. L’Allemagne a détruit l’Europe et est financé pour se reconstruire

    – Réunification.

    – Reconnaissance unilatérale par Helmut Kohl de la Slovénie et de la Croatie déclenchant les guerres des annés 90

    -Gestion de la crise Grecque pour sauver les banques allemandes et francaises incidemment

    – Décision de Merkel d’ouvrir les frontières

    Et ca est la partie visible de l’iceberg.

    Dans le business, ils sont ruthless et n’hésitent pas à tricher ( VW) ou payer des pots de vins ( Siemens ..) . A nouveau ca ne sont que des exemples ou ils se sont fait prendre.

    Les Francais ne sont pas des saints dans ce domaine non plus mais les Allemands, somehow ont cette image de probité.

    Si la France n’étaient pas aussi grangrénée par le socialisme rampant qui l’affaiblit depuis 70 ans , ell serait beaucoup plus puissante que l’Allemagne.

    Mais la France a trop d’avantages naturels, c’est pourquoi le Bon Dieu lui a donné les Francais por rétablir l’équilibre 🙂

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    • Scardanelli

      14 septembre 2019

      Conclusion très pessimiste et pourtant si juste : le Bon Dieu, précisément parce qu’il est bon, est soucieux d’équilibre et il s’est résigné à créer les Français. Schopenhauer ne disait-il pas : « L’Afrique a ses singes, l’Europe a ses Français. » Et qu’on ne vienne pas taxer le mage de Francfort de maïmouphobie, il fut un maître ex toutes les incorrections, y compris politiques.

  • PHILIPPE LE BEL

    12 septembre 2019

    Bonjour,

    La politique de taux bas, voir négatif, de la BCE va contre les épargnants, donc les retraités. Cela ne va pas dans le sens des Allemands.
    Madame Merkel a fait venir des migrants pour tuer le SPD, ce qu’elle a réussi en partie puisque ce parti a fait l’un de ses pires scores aux dernières élections nationales. Mais elle a fait une erreur pensant pouvoir tenir sa droite… voir la droite de sa droite. La stabilité sociale s’en ressent, mais cela a permis qu’elle se maintienne au pouvoir coût que coût…. comme un certain Mitterrand en France qui a favorisé, volontairement lui, l’extrême droite pour l’élection de 1986 puis 1988… et sa réélection.
    Le Brexit va contre les intérêts de l’Allemagne, soit les exportations… comme le refus de Macron de ratifier le MERCOSUR… ce qu’il sait parfaitement… il veut compter… d’où sa position inflexible sur le Brexit… bref un billard à trois bande ! Il veut être incontournable.
    Madame MERKEL lors de son dernier voyage en Chine a critiqué ouvertement la gestion de la crise à Hong Kong… non pour les chinois, qui s’en tapent, mais pour des questions de politiques intérieures et européennes… pour faire bien.
    Elle veut un bon poste à l’UE ou à l’ONU dans l’avenir ??? Le prix Nobel de la paix ???
    Madame MERKEL pense avant tout à elle-même.

    Répondre
  • Blondin

    12 septembre 2019

    Merci pour cette analyse très riche.

    J’ajouterais deux éléments :
    il serait temps que notre classe politique et nos hauts fonctionnaires se rendent compte qu’à chaque fois que l’Allemagne a été très puissante en Europe, ça s’est fait à notre détriment (et celui de l’Europe en général). Croire que le couple franco-allemand peut pallier cette constante est une illusion.
    Les Français ont un complexe de supériorité affolant par rapport aux Italiens qui les conduit à de fréquentes erreurs d’analyse (la plupart des Français voient l’Italie comme un pays pauvre – alors qu’elle est membre du G7). Or, nous avons effectivement beaucoup en commun. L’oublier nous expose à de graves erreurs (comme celle qui a consisté à jeter Mussolini dans les bras d’Hitler) et déséquilibre totalement l’Union Européenne.

    Répondre
    • Scardanelli

      12 septembre 2019

      Totalement d’accord. N’accusons pas l’Allemagne, au fond très erratique, de tous nos mots. L’idéologie à tout prix, contre le bon sens et ses propres intérêts, encadrée par une administration pléthorique est une invention bien française. Ce modèle s’est exporté et s’est crispé jusqu’à l’obésité – Union Soviétique – ou jusqu’à l’hystérie – Nazisme et Khmers Rouge – mais il fascine encore et toujours.

  • donfra

    12 septembre 2019

    Bonjour Monsieur Noé et merci pour cette belle analyse sur l’avenir de l’Europe.

    Probablement influencé par le fait de vivre en Alsace, je vois une autre solution: que la France se « germanise » c’est à dire renonce à l’idéologie pour devenir pragmatique.
    Créer de la richesse, baisser les impôts, laisser le pouvoir décisionnel au niveau local…
    Cela me paraît le meilleur moyen de retrouver la puissance économique qui conduit comme vous le relevez bien à la puissance politique.
    Mais cela veut dire renoncer au socialisme qui caractérise nos dirigeants, ce qui n’est pas gagné 🙁

    Répondre
  • Bilibin

    12 septembre 2019

    Je suis tout à fait d’accord avec vous en particulier sur le fiasco total de la diplomatie française surtout récemment avec le Brésil.

    C’est assez désolant de constater l’énergie et les moyens déployés à nous faire inutilement des ennemis, même chez nos alliés les plus naturels.

    Macron voulait reconstruire l’Europe mais il se retrouve complètement seul et le fameux « couple franco allemand » sert rarement les intérêts français. Nous sommes humiliés!

    Peut-être que le Brexit peut sonner le début de la fin pour l’UE, comme le prédisait Soros, mais on va y laisser des plumes…

    Répondre
  • breizh

    11 septembre 2019

    merci monsieur Noé pour ce rappel de realpolitik.

    Répondre
    • breizh

      11 septembre 2019

      cela illustre bien la trahison de nos élites/dirigeants.

  • Steve

    11 septembre 2019

    Bonsoir M. Noé
    Vous écrivez: « L’Union s’est révélée incapable de résoudre le conflit yougoslave hier et le conflit ukrainien aujourd’hui. » Ces conflits ont été voulus et générés par les USA, occupants de l’U.E avec 80 000 soldats stationnés en Europe, afin d’affaiblir la Russie. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’UE, sous protectorat, n’ait rien pu faire!
    Il est inévitable et presque normal que dans un monde marchand, la première puissance économique d’un groupe prenne l’ascendant. Un Etat n’a pas de sens, c’est une puissance obéissant à qui est aux commandes; c’est cela la démocratie!
    Cordialement.

    Répondre
    • durru

      12 septembre 2019

      Oui, oui… Ce sont les US qui ont armé les milices croates avant même la déclaration d’indépendance. Bien sûr.
      Les casques bleues en Bosnie étaient US elles aussi.
      Etc.
      On peut effectivement dire que les européens n’ont pas été capables de régler quoi que ce soit, mais pour mettre le bazar, par contre, ils n’ont eu besoin de personne.

  • Kerdrel (de)

    11 septembre 2019

    La France ne reprendra son rang qu’après avoir descendu complètement la pente et qu’elle se souviendra désespérée que le ciment qui existait autrefois (le christianisme) sera à nouveau à l’honneur.

    Répondre
  • Denis Monod-Broca

    11 septembre 2019

    « […] s’il n’était cette idée stupide de vouloir à tout prix créer une armée européenne, qui ne pourrait pas être autre chose qu’une armée allemande à drapeau européen »

    La CED prévoyait de prendre l’armée française (la seule en Europe à l’époque ou presque), de la baptiser européenne et de la mettre sous commandement américain
    Une armée européenne aujourd’hui ce serait à peu près la même chose, même si le poids de l’Allemagne a augmenté.

    Répondre
    • Charles Heyd

      11 septembre 2019

      Evidemment! Tant qu’on restera dans l’OTAN l’armée française ou européenne sera sous commandement américain; comme on disait dans la Marine, il ne faut sortir de Saint-Cyr pour comprendre cela!
      Mais il faut aussi comprendre que le poids militaire de l’Europe, tous pays de l’UE additionnés, fait a peu près le tiers du poids militaire des USA; ce n’est pas la peine d’aller plus loin, sans les USA, l’Europe que les europhiles désignent comme la « puissance Europe » ne sera qu’un nain et aura un chef américain; merci qui?: messieurs Monet et Schumann et leurs adorateurs actuels!

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