2 octobre, 2018

Europe centrale : le nouveau compromis danubien

 

 

Il y a un siècle déjà disparaissait la double monarchie d’Autriche-Hongrie. Disparition en plusieurs temps, comme les valses du bord du Danube : d’abord la dissolution de l’État à la suite de la défaite de 1918, puis la ratification de cette séparation avec les traités de Saint-Germain-en-Laye (1919) et de Trianon (1920). Un empire vieux de mille ans ne disparaît pas sans conséquence et sans secousse. La mémoire des peuples et le temps long de l’histoire le font ressurgir aujourd’hui, sous une autre forme, mais en replaçant le pôle danubien au centre de l’Europe.

 

Un Habsbourg, deux couronnes

 

Étrange destin que celui de la famille Habsbourg, qui par suite de mariages, d’héritages et de victoires a fini par contrôler une grande moitié de l’Europe. À l’époque moderne, la diplomatie française a consisté à desserrer l’étau de cette famille présente à Madrid et à Vienne. Qui dit Madrid signifie également l’Amérique. Qui dit Vienne, signifie une grande partie de l’Europe centrale et de l’axe danubien. C’est Louis XV qui infléchit la diplomatie française, comprenant que l’adversaire est désormais du côté de la Prusse naissante et moins du côté de Vienne. D’où le mariage de son petit-fils, futur Louis XVI, avec une princesse autrichienne. Napoléon n’a fait que copier Louis XV lors de son deuxième mariage. L’Autriche est la grande puissance victorieuse de la Révolution et de l’Empire, raison pour laquelle c’est elle qui accueille le congrès qui doit redessiner la carte de l’Europe à partir de 1814. Un siècle plus tard, Versailles fut pour la France la revanche de ce congrès perdu.

 

En 1848, à dix-huit ans, François-Joseph devient empereur d’Autriche. Il le reste jusqu’en 1916. Né en 1830, ce jeune homme a été éduqué dans l’aversion pour la Révolution et la défense de la Sainte-Alliance conclue par Metternich avec la Russie et l’Angleterre. L’Autriche perdant son influence en Italie et en Allemagne, conséquence du mouvement libéral des nationalités, il se décide à définir un nouveau pacte politique avec la Hongrie. S’alliant avec l’aristocratie hongroise, il est couronné roi de Hongrie en 1867 et son empire prend désormais le nom d’Autriche-Hongrie. L’aigle à deux têtes, héraldique de l’Empire depuis l’époque médiévale, retrouve une nouvelle jeunesse. La Double monarchie, dite aussi Monarchie danubienne, est le résultat d’un compromis politique. Cela assure de nouvelles bases au royaume et lui permet de faire face à l’unification de l’Allemagne. Une union douanière complète cette union politique. Face à l’Allemagne qui redevient une puissance du Rhin, la Double monarchie tente d’être la grande puissance du Danube. Ce compromis austro-hongrois se fait au détriment des autres peuples, notamment les Tchèques, les Slovaques, les Serbes, qui aimeraient avoir une plus grande autonomie.

 

L’indépendance de la Hongrie

 

La défaite de 1918 change la donne politique. Charles d’Autriche est incapable de faire face à la poussée des nationalités. S’il perd la couronne de Vienne, il conserve celle de Budapest, même s’il quitte le pays. On arrive ainsi à une subtilité hongroise : la Hongrie est officiellement un royaume, mais, étant privée de roi, elle est dirigée par un régent. Il s’agit de l’amiral Horty, qui n’avait nullement l’idée de remettre un roi, qui conclut une alliance avec l’Allemagne nazie, et qui gouverna avec des méthodes brutales. Horty fut chassé après la défaite à la fin de seconde guerre mondiale. La Hongrie fut brièvement occupée par les Allemands puis par les Soviétiques. Elle ne redevint indépendante qu’en 1989, après avoir abattu le rideau de fer la séparant de l’Autriche. C’était le 2 mai 1989, soit six mois avant l’Allemagne. C’est parce que la Hongrie a démantelé le mur et qu’il n’y a pas eu de réaction des Soviétiques que la RFA a pu enclencher son mouvement. À partir de mai 1989, des Allemands de RDA se rendent en RFA en passant par la Hongrie et l’Autriche. L’appel d’air est trop important. Si la brèche n’est pas colmatée, c’est le système soviétique qui explose. Gorbatchev n’a plus trop à cœur de rejouer 1956 et d’envoyer les troupes du pacte de Varsovie. À partir de là, l’empire soviétique se fissure.

 

On ne peut pas comprendre la politique hongroise d’aujourd’hui si on oublie ces éléments. Les Hongrois ont lutté pour leur autonomie au sein de l’empire d’Autriche, puis ils ont essayé d’exister entre le Reich nazi et l’URSS. Puis ils se sont soulevés contre Moscou, et ils en ont subi les conséquences, enfin ils peuvent légitimement se considérer comme ceux qui ont fait chavirer l’empire soviétique. On comprend donc qu’ils n’aient nulle envie de se soumettre à un nouvel empire qui est celui de Bruxelles.

 

Le triangle de Višegrad

 

Le 15 février 1991, la Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie se retrouvent à Višegrad, en Hongrie, pour conclure une alliance de coopération visant à faciliter leur intégration dans l’Union européenne. Une alliance s’était déjà faite à Višegrad. C’était en 1335, avec les rois de Bohème, de Pologne et de Hongrie, qui y avaient conclu une alliance afin de lutter contre les Habsbourg. Aujourd’hui, le groupe de Višegrad lutte contre un nouvel empire. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes, car s’ils sont aujourd’hui les mauvais élèves de l’Europe de Bruxelles, ils étaient au contraire les jeunes pousses pleines d’espoir dans les années 1990. Sitôt le Mur tombé, l’Union européenne a cherché à intégrer ces pays. De là une pluie de subventions et d’aides qui se sont abattues sur les anciens territoires soviétiques pour les aider à rattraper leur niveau économique. Leur agriculture s’est modernisée. L’UE a financé la construction des autoroutes, la rénovation des ports et des aéroports, l’aménagement des villes. Aujourd’hui encore, beaucoup de travaux d’aménagement sont financés par l’UE. On comprend alors la frustration et l’énervement du gouvernement de Bruxelles, qui trouve injuste et malvenue que ces pays qui ont tant reçu se montrent aujourd’hui ingrats. Les incompréhensions légitimes sont des deux côtés du couple européen.

 

D’abord très europhile, le groupe de Višegrad est devenu beaucoup plus eurosceptique. Le refus d’accueillir les immigrés d’Afrique et de se soumettre aux quotas imposés par Bruxelles, les différences de vision quant aux valeurs européennes, fait que ce groupe autrefois enfant prodige est aujourd’hui enfant prodigue. L’Autriche s’est rapprochée de Višegrad, enclenchant ainsi un processus de création d’un pôle danubien. Il n’y a plus qu’à y intégrer les pays slaves et la Croatie, et le groupe de Višegrad redeviendra une nouvelle Autriche-Hongrie. Avec toujours comme ennemi la Prusse, dont la capitale semble s’est déplacée à Bruxelles.

 

 

 

 

Le compromis bruxellois

 

Jean-Claude Juncker est donc confronté à un dilemme assez proche de celui de François-Joseph. Soit imposer un empire unique, dirigé depuis Bruxelles, soit accepter un compromis bruxellois et se rallier au pluralisme, qui en Europe porte la notion de fédéralisme. Pourquoi tous les pays devraient-ils avoir la même politique et adhérer aux mêmes textes ? Pourquoi les décisions de Bruxelles devraient-elles s’appliquer partout de façon uniforme ? En acceptant le pluralisme des idées qui s’exprime dans le fédéralisme politique, Bruxelles pourrait trouver une solution à la crise qui la parcourt. Ce serait un moyen d’intégrer le groupe de Višegrad, tout en acceptant que ces pays aient une marge d’autonomie. Et pourquoi pas, aussi, une solution au Brexit, qui se révèle une impasse pour tout le monde ? Accepter la Grande-Bretagne, mais avec des exemptions sur certains traités. Ce qu’elle a d’ailleurs jusqu’à présent. Ce serait appliquer à l’Europe le multilatéralisme que le président Macron a vanté à la tribune de l’ONU le 25 septembre, l’opposant à l’unilatéralisme américain. Il a même dit vouloir combattre « la loi du plus fort ». Unilatéralisme et loi du plus fort sont aujourd’hui les deux bâtons de Bruxelles. Avant de se lancer à la conquête du monde, Emmanuel Macron pourrait déjà bricoler en Europe.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

16 Commentaires

Répondre à Steve

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  • Csaba Morocz

    9 octobre 2018

    @jemapelalbert

    Cher Monsieur,

    La langue russe était obligatoire dans des écoles en Hongrie entre 1947 et 1989 . . . . .

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  • Czerny

    6 octobre 2018

     » Il n’y a plus qu’à y intégrer les pays slaves et la Croatie  » …? Les croates sont des slaves Mr Noé .

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  • durru

    5 octobre 2018

    Bonjour,
    Il y a quelques inexactitudes dans votre texte, qui risquent de nuire à l’analyse globale, qui est à mon avis assez juste.
    D’abord, vous parlez de la Transylvanie, mais à aucun moment vous ne mentionnez les Roumains en tant que minorité de l’Empire Habsbourg. Cette approche va dans la droite ligne du discours suprématiste hongrois, qui n’a malheureusement pas d’appui dans la réalité, car les Roumains ont été de tout temps majoritaires en Transylvanie, malgré les importants efforts d’assimilation déployés par le pouvoir hongrois au fil des siècles.
    D’ailleurs, il faut absolument faire la distinction entre la politique ethnique et nationale de l’Autriche et de la Hongrie dans la monarchie dualiste. Ce n’est pas pour rien que les Slovaques ont choisi de s’allier aux Tchèques ou les Croates aux Serbes, malgré des animosités qui ont ressurgi plus récemment. Sans parler des Roumains (déjà évoqués plus haut) ou de Serbes, pourtant majoritaires eux aussi en Voïvodine ou au Banat, mais également discriminés.
    Aussi, quand vous écrivez qu’il manque « les pays slaves et la Croatie », c’est un double contresens. Car d’un côté, les pays de Visegrad sont, sauf la Hongrie, slaves, tandis que la Croatie l’est également. Ce qui manque à part la Croatie n’est que la Slovénie, pays slave effectivement, plus un bon tiers de la Roumanie (Transylvanie et Bucovine) et la part la plus riche de la Serbie, la Voïvodine.
    Il y a aussi un autre paramètre qui m’interpelle, c’est la présence de la Pologne. Malgré le fait que la Pologne historique s’est vue partager son territoire entre l’Autriche, la Prusse et la Russie, la Pologne moderne s’est beaucoup plus construite contre la Russie (après la première guerre) et la Prusse (après la deuxième) que contre l’Autriche.
    Je rappellerais également que la raison principale de l’éclatement de la première guerre mondiale a été la volonté expansionniste de la double monarchie dans les Balkans – la Bosnie-Herzégovine.
    Ce qui me fait penser que la nouvelle construction de Visegrad est bien plus une volonté de contrebalancer le pouvoir hégémonique de l’Allemagne qu’un retour en arrière vers l’ancien empire des Habsbourg. Pour l’instant, l’Italie ne fait pas beaucoup pour s’en rapprocher, quoique les signes que Salvini et Orban se sont envoyés ne peuvent pas tromper, mais cela ne va pas tarder.
    L’épisode des quotas de migrants a révélé une fracture idéologique liée à l’identité au sein de l’Europe, entre les peuples honteux de leur domination passée, comme les Allemands et les Français, et ceux fiers de leur histoire, pour l’instant représentés notamment par le groupe de Visegrad.
    Concernant, enfin, la légitimité de la frustration bruxelloise, les pays de Visegrad ont une analyse totalement différente. Elles se sentent en droit de demander réparation pour la forfaiture de l’Occident pendant la décennie noire qui a marqué leur histoire (1938-1948), lors de laquelle elles sont passées, avec l’accord plus que tacite de leurs anciens alliés (France en tête), de pays européens à part entière, avec vie démocratique naissante et économies florissantes, à des monnaies d’échange non-consentantes pour assurer la tranquillité de l’Occident face aux menaces nazie et communiste.
    En gros, je pense que les raisons profondes de cette alliance de circonstance sont assez mal expliquées dans l’article, mais qu’elle est déjà assez forte et risque de se renforcer encore, aussi bien en terme de cohésion que de taille (Italie, Slovénie, Croatie, peut-être même Danemark, Suède ou Finlande…)
    Les élections européennes de l’année prochaine risquent d’être fondamentales pour l’évolution de notre continent pour une longue période.

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    • durru

      10 octobre 2018

      Je ne sais pas où ça mène non plus, je n’ai pas de globe de cristal…
      En tout cas, je doute que l’homme providentiel puisse se trouver au bout du tunnel.
      Identité européenne? Judéo-chrétienne, ou alors gréco-romaine, ou alors l’individu reconnu en tant que tel, chacun dans son individualité.
      Identités nationales? Chacun son histoire… Mais devant les barbares qui frappent à nos portes, nous avons plus à partager qu’à se disputer. Et au lieu de débattre sur le sexe des anges, nous ferions mieux de prendre les armes. Fussent-elles celles de la raison.

    • durru

      12 octobre 2018

      Je n’arrive visiblement pas à me faire comprendre. Je ne vois pas où vous êtes allé chercher ces interprétations dans mes textes, car ça va plutôt contre ce que j’ai écrit… Une autre fois, peut-être, j’aurai la patience nécessaire.

  • Raphael

    5 octobre 2018

    Le groupe de Visegrad est assez heterogéne, la Pologne y pèse plus lourd, et elle a une trouille historique de se retrouver  » finlandisée  » par la Russie . Donc elle colle au plus près possible de Bruxelles et de Berlin .
    Si Bruxelles etait moins dirigiste , le groupe de Visegrad aurait perdu de son importance. Mais Bruxelles- semble t’il – veut dicter un agenda culturel en plus d’un agenda juridique et economique et là cela ne passe pas ; l’ accent mis sur l’ acceuil de l’ immigration sauvage est la goutte de trop .
    Idem avec l’Italie , ou le gouvernement actuel rue dans les brancards et envoie paitre Juncker et sa bande d’ aboyeurs . Donc pour le groupe de Visegrad , le prochain allié sera italien . Et ironie de l’histoire on reviendra a la sitaution antérieure a 1861 ou le nord de l’Italie etait sous domination autrichienne .

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    • DrStefool

      7 octobre 2018

      Non, la Pologne ne colle pas Berlin… elle colle les USA parce qu’elle n’a aucune confiance ni dans l’Allemagne, ni dans la Russie. Voir l’hystérie à propos de Nordstream2.
      La Pologne va continuer à developper un lien privilégié avec Washington et réciproquement. Si vous avez suivi le voyage de Trump à Varsovie l’année dernière et la récente visite du président polonais à la Maison-Blanche ce détail n’a pas pu vous échapper.

  • JLP

    5 octobre 2018

    Merci à JB Noé pour cette nouvelle et brillante leçon d’histoire, histoire indispensable pour comprendre notre monde actuel.
    Espérons que notre président vous lise…

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  • Garofula

    4 octobre 2018

    Il existe une différence importante entre une fédération et une confédération.

    Dans une fédération, les Etats abandonnent leur souveraineté externe et une partie de leur souveraineté interne. Ils perdent donc une part significative de leur pouvoir de décision au profit de l’Etat fédéral qui agit en toute autonomie. La fédération repose sur une logique de domination.

    Dans une confédération, les Etats conservent l’essentiel de leur indépendance et l’Etat confédéral est un simple organisme de coordination où les décisions sont prises à l’unanimité des membres. L’Etat confédéral, sous le contrôle des Etats membres, n’a pratiquement pas d’autonomie. La confédération repose sur une logique de coopération.

    Entre les deux, toutes les gradations intermédiaires entre coopération et domination sont possibles et les dénominations parfois trompeuses.

    L’Union européenne est encore proche d’un schéma confédéral, mais elle présente toutefois des pulsions fédérales de plus en plus lourdes, illustrées par la volonté de mettre au pas les pays récalcitrants refusant de se soumettre à la politique de Bruxelles. Cette politique agressive des instances européennes, qui espèrent devenir rapidement fédérales, trouvera ses limites dès lors que les Etats menacés de sanction deviendront majoritaires.

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    • Charles Heyd

      5 octobre 2018

      c’est exactement le même discours que sur l’intégration et l’assimilation des immigrés en France! Il n’y a aucune différence!
      quand on se met ensemble, confédération ou fédération, on définit ce qui sera commun ou ce qui ne sera que subsidiaire, c.-à-d. laissé au choix des participants; c’est comme dans le mariage: réduit aux acquêts, séparation des biens et j’en passe!
      telle sera l’Europe et non ce qu’on en décide les technocrates de Bruxelles.

    • Steve

      6 octobre 2018

      Bonjour
      Avec le prélèvement à la source, disparait le paiement de nos contributions directes par l’établissement de chèques émis à l’ordre du Trésor Public – acte citoyen et républicain s’il en est- Tout le monde sait que ce prélèvement est une usine à gaz; s’il est néanmoins mis en place c’est que c’est la première étape indispensable au transfert du prélèvement directement par la CEE: une fois que vous y serez habitués, un beau jour, proche, , ou plutôt par une méchante nuit sans beaucoup de parlementaires présents dans l’hémicycle sera acté l’abandon du prélèvement de l’impôt par la République,prélèvement conféré à la CEE….
      Et alors, fédération ou confédération ….. ya basta mon ami!
      Nous ferons désormais partie du cheptel de contribuables de l’Union, ce qui n’empêchera pas nos matamores d’estrades électorales de prendre des postures farouches en glosant sur l’indépendance de la Frrrrânce! Figure de style aussi irréfutable que l’éléphant d’Alexandre V.
      Bonjour chez vous!

  • Gerldam

    4 octobre 2018

    L’histoire de la Hongrie sous Horthy est complexe. D’abord Horthy est un homme faible. On en fait souvent en Europe de l’Ouest un dictateur. Rien n’est plus faux. Pour l’essentiel, c’est le premier ministre et le parlement qui gouvernent. En 1940, la seule obsession des hongrois est de récupérer tout ou partie des territoires (les deux tiers) perdus à Trianon. Le mot d’ordre de l’époque est « nem, nem, soha » (non, non, jamais). Une partie de la classe politique pense que l’Allemagne sera la mieux à même de redonner aux hongrois le coeur de leur pays, notamment la Transylvanie. En 1941, le premier ministre, Pál Teleki se suicide car il voit clairement qu’entre les nazis et les communistes (haïs des hongrois qui n’ont pas oublié les trois mois sanglants de la terreur rouge de Béla Kuhn en 1919), il n’y a aucun espoir pour le pauvre peuple hongrois. Il avait raion car ces derniers ont eu les nazis en 1944 et les communistes après 1948.
    Enfin, Horthy ne fut pas « chassé après la défaite ». Il fut enlevé par les nazis car il s’était rapproché des russes pour obtenir une pays séparée, mais trop tard. Lui et sa famille furent emmenés de force par les allemands et maintenus en captivité, mais dans une maison-prison.
    L’hiver 1944/1945 vit le terrible siège de Budapest par les forces russes qui dura trois longs mois, suivi d’une occupation apr l’armée rouge dont l’un des résultats fut que plus un hongrois ne possédait de montre bracelet, entre autres avanies dont nombre de viols et rapines.
    Enfin Visegrad s’écrit comme ceci sans tilde. La lettre que vous utilisez ne figure pas dans la langue hongroise et le « s » se pronoce comme le « ch » français.

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    • Jean-Baptiste Noé

      4 octobre 2018

      Merci pour Visegrad. C’est écrit avec cette lettre dans mes livres d’histoire, mais peut être est-ce un décalque de la langue polonaise, différente du hongrois.

    • jemapelalbert

      7 octobre 2018

      J’ai la chance de côtoyer parmi mes amis, une dame Hongroise qui a connu cette époque et qui prenais des cours de russe après la guerre car très intéressée par la littérature Russe. Son professeur était un militaire russe qui en fait faisait aussi du renseignement . Après un entretien auprès de cette Dame alors bien plus jeune à l’époque, il avait compris rapidement qu’elle n’était pas la fille de la femme à tout faire de l’hôtel de ses parents mais bien leur fille…
      Il lui a en fait sauvé la vie en lui confiant que le lendemain son hôtel serait confisqué et sa famille, au mieux, à la rue.
      C’est pour cela qu’elle et ses parents on quitté la Hongrie pour la Suisse.
      J’ai d’autres amis Hongrois, de deux générations après, qui vivent en France et qui ne comprennent pas ce que nous faisons à notre pays… ils retournent en Hongrie cette année pour vivre plus tranquillement et plus sereinement.
      J’admets que jusqu’à présent, je voyais toujours d’une autre façon l’histoire austro-hongroise, plutôt axée sur les guerres Napoléoniennes, celle-ce est vraiment intéressante et je peux mieux comprendre ce que les hongrois peuvent ressentir après toutes ses occupations.
      J’ai un ami Roumain qui me disait que ces Parents et grands parents avaient vécus dans des trous sous terre avec un tuyau comme aération pour échapper aux Communistes.
      Aujourd’hui, en Europe la spoliation des biens se fait d’une autre façon, mais le principe est le même.
      merci.

  • Steve

    2 octobre 2018

    Bonsoir
    François Joseph suivait ainsi la ligne tracée par son prédécesseur François II de Habsbourg qui en août 1806 renonçait au titre symbolique d’Empereur du Saint Empire Romain Germanique.
    Ainsi se dissipe le rêve illusoire tissé par l’Eglise Catholique Romaine avec sa fille aînée, la monarchie française, de reconstituer le domaine du Père…. Constantin.
    Le projet eurasiatique One road One belt devrait favoriser ce retour vers l’est…
    Cordialement

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  • sassy2

    2 octobre 2018

    Passionnant. (une erreur Junck-er est eurosceptique, et le groupe de Višegrad est europhile)

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