29 juin, 2015

Grèce : Enfin des bonnes nouvelles !

Lénine avait coutume de dire que pendant certaines semaines, plus d’événements inouïs se passaient que pendant toutes les décennies précédentes et c’est une idée que je crois très juste. C’est peut être ce que nous allons vérifier une fois de plus dans les semaines qui viennent.

Prenons l’Euro.

Depuis sa création, je ne cesse d’expliquer à qui veut bien l’entendre que tout cela finira très mal et que l’Euro n’est pas une monnaie, mais une construction complètement artificielle qui allait détruire l’Europe de la diversité que j’aimais profondément, dans l’espoir insensé de créer de toutes pièces un Etat Européen dont seuls des technocrates non-élus  seraient les bénéficiaires.

Et j’étais loin d‘être seul à me faire du souci.

Par exemple, Milton Friedman, bon connaisseur de la monnaie s’il en fut, avait coutume de dire qu’à sa connaissance c’était la première fois dans l’Histoire que des pays souverains décidaient de tous utiliser la même monnaie et que le système sauterait si un choc asymétrique venait  à toucher les différents pays. Ce qu’il voulait dire était que, dés qu’un choix allait devoir être fait entre la Souveraineté Nationale et la monnaie, la Souveraineté Nationale l’emporterait.

Ce choc, nous l’avons eu au moment de la grande crise financière de 2008-2009, le système a failli craquer et a fini par tenir quand monsieur Draghi a fait comprendre aux marchés que les Traités, il s’asseyait dessus et que la Bundesbank ne pouvait que se coucher, ce qu’elle fit.Et donc le nœud coulant fut resserré autour du cou de la Grèce et desserré par ailleurs, l’idée étant que les malheurs des Grecs devaient montrer aux autres peuples Européens pris dans le même étau ce qui arrivait aux mauvais sujets. Comme me l’avait dit le patron de l’une des grandes sociétés d’assurance Allemandes avec beaucoup de finesse (!), « Nous torturons les Grecs pour que les Italiens entendent leurs cris», ce qui m’avait passablement surpris venant d’un Allemand.

Et donc l’Euro est encore là, à ma grande surprise, continuant à pousser les peuples Européens dans la misère et le désespoir, les seuls gagnants étant des technocrates que personne n’a élu.

Au fil des années, je me suis quand même demandé POURQUOI je détestais l’Euro à ce point ?

Je crois que j’ai compris. Au début, j’étais contre l’Euro pour des raisons  purement techniques puisqu’il était idiot de vouloir maintenir un taux de change fixe entre des pays qui ont des productivités du travail et du capital complètement différentes.Et puis j’ai réalisé que derrière ce projet il y avait une volonté profonde de détruire les Nations Européennes.

Philosophiquement, je suis un partisan des Lumières, c’est-à-dire de la Liberté, ou plus exactement de Libertés bien concrètes et bien réelles. Le projet des Lumières était que chaque homme puisse exercer ses Libertés, dans trois domaines essentiels.

  • Domaine Social : Liberté de la Presse, Liberté d’enseignement, Liberté  syndicale, Liberté d’expression constituaient le cœur des Libertés, les désaccords éventuels étant portés sur la place publique et la possibilité d’exprimer son non consentement étant considéré comme un bien public et non comme une trahison. Bien sur ces Libertés devaient être défendues  par des tribunaux indépendants.
  • Domaine Economique : Liberté d’entreprendre, d’embaucher, de débaucher,  d’investir  dans mon pays ou dans celui d’à coté ou de ne pas investir du tout, de passer des contrats, de ne pas souffrir du capitalisme de connivence ou de la concurrence indue des monopoles publics, telles sont les Libertés économiques…
  • Domaine Politique : Elections fréquentes, Liberté de candidature, Séparation des Pouvoirs, ce qui implique qu’une majorité de circonstance ne peut aliéner la Souveraineté Nationale qui par définition est inaliénable.

Et je suis en bonne compagnie.

Jean- Paul II dans son encyclique « Centesimus Annus », écrite pour commémorer la grande encyclique de Léon XIII «  Rerum Novarum » qui consacrait la réconciliation entre l’Eglise et le monde nouveau, précisait que la Liberté de chaque homme ne pouvait s’exercer que dans le cadre de la Nation dont il était citoyen (en tant que Polonais, il savait de quoi il parlait).

Un peu plus loin, il indiquait que l’entreprenariat était une vocation et que les pays où les entrepreneurs ne pouvaient exercer leurs Libertés n’étaient pas libres.

Ce qui veut dire en termes clairs que l’Euro était une machine à détruire nos Libertés comme il en a peu existé dans l’Histoire. Je m’explique, en commençant par les entrepreneurs.

  • Etre entrepreneur, c’est analyser des signaux de marchés qui passent par le système des prix. Comme je l’ai souvent expliqué ici, TOUS les prix dérivent de  deux prix fondamentaux le taux de change et le taux d’intérêt. Le taux de change c’est ce qui permet de savoir combien doit être produit à la maison et combien à  l’extérieur et ce prix reflète des avantages et des contraintes purement nationales.  Prenons un exemple : La France, fort démocratiquement, décide d’avoir 40 % de fonctionnaires de plus que l’Allemagne pour 10000 habitants, ce qui est son droit. On peut le déplorer, mais le prix n’est pas cher si c’est la condition pour que la volonté de vivre ensemble demeure.  Cela veut dire que le  coût de l’Etat Français sera de 40 % supérieur au coût de l’Etat Allemand, ce qui n’est ni bien ni mal, mais ce coût devra être supporté in fine par les entreprises Françaises. Par contre, comme les fonctionnaires ne produisent rien pour l’exportation, un taux de change fixe entre l’Allemagne et la France tue les entrepreneurs Français dont les couts sont supérieurs à ceux des entrepreneurs Allemands, au profit de ces mêmes entrepreneurs Allemands et nous envoie en dépression, ce qui est très fâcheux.                                                                                                                  Passons aux taux d’intérêts, qui doivent se situer sur le taux de croissance moyen de l’économie, selon la règle d’or de Maurice Allais ou de Wicksell.  Comme le taux d’intérêt est le même pour tous les pays dans la zone Euro, il se calera sur la moyenne de croissance des pays Européens et donc il sera automatiquement trop bas pour l’Allemagne et trop haut pour la France ou l’Italie, ce qui constitue un handicap de plus pour ces deux pays. L’euro empêche donc  les entrepreneurs Français ou Italiens de suivre leur vocation. Et c’est pour ca qu’ils partent tous à Londres, à New-York ou à Hong-Kong , laissant le peuple Français au chômage face aux fonctionnaires Français fort prospères tant que la France pourra s’endetter pour les payer … Et donc l’Euro détruit le pacte national qui unit les citoyens de chaque Nation, ce qui m’amène a mon deuxième point, la Nation.
  • « Une Nation » disait Renan, « c’est une volonté de vivre ensemble ». Dans une Nation, pour qu’elle fonctionne, nous avons besoin d’un organisme qui aura le monopole de la violence légitime et cet organisme, pour payer ses dépenses devra lever des impôts qui seront libellés dans une monnaie dont le cours correspondra aux forces et aux faiblesses du pays en question. Payer ses impôts librement à un état légitime est donc le début de la Démocratie, comme les Anglais l’ont compris depuis 800 ans.

Il n’en est rien dans l’Euro.

PERSONNE n’a le monopole de la violence légitime en Europe, et pour une raison très simple : il n’existe pas de Nation Européenne et la démonstration en est faite par la BCE qui finance les Etats légitimes en imprimant de l’argent puisque les impôts ne suffisent pas. Or les impôts sont la manifestation de cette volonté de vivre ensemble… Et  donc le projet Européen apparait en pleine lumière : Il s’agit purement et simplement de détruire les volontés de vivre ensemble, c’est-à-dire les  Nations Européennes auxquels les peuples sont extraordinairement attachés, pour construire un Etat Européen dont personne ne veut sauf mes chers Oints du Seigneur (ODS), tous socialistes c’est-à-dire sans aucun respect pour la volonté du Peuple, qu’ils méprisent. Et nulle part, cette volonté de destruction de la Nation na été plus visible qu’en Grèce. L’Etat Grec est  certes tout à fait inefficace, tout le monde le savait, un peu comme l’Etat Italien mais le Peuple Grec est une réalité profonde et ancienne.  Attaquer la Grèce parce qu’elle avait un Etat inefficace a couté fort cher à Mussolini et à Hitler, qui eux aussi, comme mes ODS aujourd’hui,  voulaient rétablir l’Empire Romain…

Ils n’ont pas trouvé en face d’eux l’Etat Grec, mais bien le Peuple Grec, ce qui n’est pas  pareil. La même chose va arriver aux ODS Européens.  L’Euro n’est qu’une expression de plus, après  le communisme, après  le fascisme, après le nazisme de la Présomption Fatale de ce cher Hayek, qui avait tout compris. La seule différence est que les victimes de ce projet contre nature se suicident à la place d’être envoyés dans des camps de concentration. Gros progrès !

Les Grecs vont donc pouvoir voter, ENFIN suis- je tenté de dire.

Quand Papandreou avait proposé la même chose il ya quelques années, il avait été promptement débarqué grâce à ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat organisé a Bruxelles pour être remplacé par un Quisling de service, ex haut fonctionnaire de …la BCE.

Je ne sais pas ce que les Grecs vont voter, mais comme le dit le proverbe Américain, les dindes votent rarement pour Noel.

En tout cas, je sais ce que je voterais si j’étais Grec.

« L’Homme » disait le Christ « ne vit pas que de pain ».

Les Grecs ont donc le choix entre la fin de l’horreur et une horreur sans fin.

J’espère que la révolte des Peuples Européens contre la dictature molle que Tocqueville avait parfaitement vu arriver a enfin commencé, et si c’est le cas,  elle se produit d’abord, ironie de l’Histoire dans le pays qui a été le berceau de la Démocratie…

Quel magnifique symbole.

En réalité, je ne connais pas d’exemple dans l’Histoire de retour vers la Démocratie et vers des prix de marché qui se soient mal terminés.

Je me sens redevenir optimiste. Comme le disait Jean-Paul II, encore lui : « N’ayez pas peur car la Vérité l’emportera toujours sur le Mensonge ».

Conclusion : ce qui se produit en Grèce est une bonne nouvelle, mais ça va secouer.

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

62 Commentaires

Répondre à Josick Croyal

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  • Homo-Orcus

    8 juillet 2015

    Trop forts les gôchos grecs ! aucun braquage de banques depuis dix jours
    Comme quoi la sécurité, quand on veut !.

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  • vivelafrance

    5 juillet 2015

    Monsieur Gaves bonjour,

    je viens de regarder l’emission de BFM business du 22 juin 2015.
    C’est toujours un immense plaisir de vous écouter parler.
    Pour faire une synthèse et expliquer les choses avec pertinence et justesse vous êtes tout simplement irréprochable. J’ai appris finalement bien plus de chose en lisant vos livres et autres billet sur la monnaie qu’en prenant des cours de macroéconomie à la faculté. Vous avez du talent pour rendre simple quelque chose de compliqué à comprendre.
    Merci encore pour tout et longue vie à l’institut des libertés.

    Respectueusement Franck

    Répondre
    • vivelafrance

      5 juillet 2015

      Il est d’ailleurs étonnant d’entendre qu’il faut prêter de l’argent à des gens des entrepreneurs qui n’ont pas besoin mais qui demande juste plus de liberté concernant les prix et dans le domaine juridique. UBERPOP en est un bon exemple. Il y a 3 millions de chomeurs en France peut etre le double de personnes vivant dans une situation précaire et l’on préfère toujours protéger une minorité sous prétexte que c’est immorale sans doute. Avec une croissance si faible compte tenue des taux bas et de l’endettement je crains que bientôt l’on soit contraint de réformer dans la douleur et de manière brutale. En France on fait tout pour empêcher la création d’avoir lieu mais jusqu’à quand ?

    • idlibertes

      6 juillet 2015

      Merci beaucoup Franck. Cela fait plaisir à entendre. merci

  • Svl

    5 juillet 2015

    Il y a surement une chose des plus intéressantes à suivre dans ces circonstances.

    Ce sont les mouvements sur les CDS.

    Répondre
  • Denis Monod-Broca

    4 juillet 2015

    Il était une p’tite monnaie,
    Qui n’avait ja-ja-jamais existé. {x2}
    Ohé ! Ohé !

    Ohé ! Ohé ! Vasselots, Vasselots naviguent sur l’euro,
    Ohé ! Ohé ! Vasselots, Vasselots naviguent sur l’euro.

    Elle partit pour un long voyage, {x2}
    Dans un monde mon-mon-mondi-a-lisé. {x2}

    Au bout de quinze à seize années,
    Les équilibres vin-vin-vinrent à manquer. / Ohé ! Ohé !

    On tira à la courte-paille,
    Pour savoir qui-qui-qui serait châtié. / Ohé ! Ohé !

    Le sort tomba sur la plus vieille,
    Qui n’avait ja-ja-jamais évolué.
    / Ohé ! Ohé !

    On cherche alors à quelle sauce,
    La pauvre Grèce-Grèce-Grèce sera mangé, / Ohé ! Ohé !

    L’un voulait qu’on la mit aux fers,
    L’autre voulait-lait-lait l’éliminer, / Ohé ! Ohé !

    Pendant qu’ainsi l’on délibère,
    Elle crie tout haut-haut-haut qu’elle ira voter. / Ohé ! Ohé !

    Elle fait au ciel une prière
    Interrogeant-geant-geant l’immensité, / Ohé ! Ohé !

    Mais regardant l’Europe entière,
    Elle vit des euros-ros-ros de tous côtés, /Ohé ! Ohé !

    Oh ! Sainte Vierge ma patronne,
    Cria la pau-pau-pauvre infortuné, / Ohé ! Ohé !
    Si j’ai péché, vite pardonne,
    Empêche-les-les de-de me manger, / Ohé ! Ohé !

    Au même instant un grand miracle,
    Pour la vieille fut-fut-fut réalisé, / Ohé ! Ohé !

    Des bulletins non dans les urnes
    Sautèrent par-par-par et par milliers, / Ohé ! Ohé !

    Ils les prirent, ils les comptèrent,
    La veille si cou-cou-coupable fut sauvée, / Ohé ! Ohé !

    Si cette histoire vous amuse,
    Nous allons la-la-la recommencer, / Ohé ! Ohé !

    Répondre
  • Robert Marchenoir

    4 juillet 2015

    Le chef d’un syndicat de mineurs d’or dans le nord de la Grèce a appelé à voter oui. Pourquoi ? Parce que le gouvernement Tsipras tente de faire fermer de la mine au nom de l’environnement. La faire fermer, ou la nationaliser.

    Car le vrai péché de cette mine est d’être exploitée par une entreprise privée canadienne.

    Les villages alentour sont envahis de « militants écologistes », téléguidés par le gouvernement, qui s’en prennent aux mineurs, avec les méthodes violentes que nous connaissons bien en France.

    Le ministre du redressement productif (devinez d’où vient cette appellation…) a reproché au syndicaliste, au cours d’un entretien, de ne pas avoir fait la révolution dans la mine en s’emparant de l’entreprise, et de refuser la nationalisation. Il lui a annoncé, je cite, que le gouvernement allait « enculer les Européens et ne jamais rembourser la dette ».

    Le syndicaliste : « Syriza are all for the state and public sector, but that is the mentality of the past. What kind of Left-wing government does not support ordinary working people like us? »

    http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/greece/11717890/Could-Greece-become-the-European-Venezuela.html

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  • PERALDI

    3 juillet 2015

    Bonsoir,
    Comme d’habitude cette lettre, cet article sont remarquables. Sont confirmées clairement les raisons pour lesquelles l’euro doit survivre encore quelques années: tuer les nations. Et pour y parvenir, en plus, le remplacement des populations s’accélère avec la bénédiction et la complicité active des « décideurs » non élus des Commissions.

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  • brasucade

    3 juillet 2015

    Monsieur Gave,

    je vous trouve trop optimiste sur l’issue de cette affaire grecque. J’aimerais pourtant, moi aussi, que la Grèce sorte de cette Galère royale et qu’elle puisse revivre libre.

    Le Referendum donnera, à mon avis un résultat serré (53% – 47%). Les puissants ont donc au moins 47% de chances de se débarrasser de Syriza sans coup férir cet week end. Et les grecs reprendront le chemin de l’esclavage pendant encore deux ou trois ans, jusqu’à leur révolte suivante.

    Et si Syriza gagnait, les enjeux sont tellement importants pour l’establishment. Je suis persuadé que Varoufakis et/ou Tsipras pourraient se suicider sur un coup de joie. Jamais on ne laissera ces « pouilleux » des grecs montrer que le système est cuit jusqu’à l’os.

    Je crains donc qu’il faudra patienter encore quelques années, avant que les populations des grands pays perdants (Italie, Espagne, France) ne se réveillent de leur sieste prolongée.

    Répondre
    • Duff

      4 juillet 2015

      probable mais les masques sont tombés : Faites-en autant autour de vous comme autour de chez moi.. clairement les eurocrates voulaient avant tout la peau de Tsipras WTF la dette ou je ne sais quelle contingence.

      Avec son référendum, Tsipras croyais piéger tout le monde : je suis démocrate vous ne l’êtes pas. Il va très probablement se faire couillonner à son propre jeu.

      c’est à méditer : cet eurogroub pas forcément avec l’Allemagne comme membes les plus enragés, sont-ce les plus démocratiques, les plus clairvoyants? Le cas grec est exceptionnel – trop par ses lacunes – mais préfigure bien de la suite…

    • Duff

      5 juillet 2015

      Tsipras a gagné la première manche: finalement ça devient intéressant soit les allemands se couchent et paient soit on dégage la Grèce de la zone euro : Finalement ce « non » ouvre plus de perspectives intéressantes que le « oui » qui débarquait Tsipras sans rien régler.

  • Denis Monod-Broca

    1 juillet 2015

    De la femme adultère à la nation corrompue

    Que va-t-il se passer ?
    Nous sommes hors de toute institution. C’est désormais patent.
    Il y a bien l’UE, la BCE, le FMI… mais l’eurogroupe n’est pas une institution. Jeroen Dijsselbloem son chef l’a dit sans ambages il y a quelques jours : l’eurogroupe est une instance informelle. Il s’est appuyé sur cette affirmation pour dire que la Grèce n’en avait pas été exclue, bien qu’il se soit réuni sans elle, puisqu’on ne saurait être exclu d’une institution qui n’a pas d’existence.
    L’eurogroupe, qui « négocie » avec la Grèce, est donc juste un groupe. Un groupe, rien d’autre. Autrement dit une bande, une meute, une tribu. Nous sommes hors tout cadre institutionnel. Nous sommes revenus aux temps anciens d’avant les institutions, aux temps anciens des rapports de force et des rituels sacrificiels.
    Dans une situation troublée, au milieu de terribles tensions, après des années de crise, le spectacle est bel et bien celui-ci : un huis-clos entre les 19 membres d’un groupe, 18 d’entre eux ayant pris pour cible la 19ème.
    Elle, est coupable. Elle doit être punie, sacrifiée s’il le faut.
    Eux, les 18, sont sûrs de leur fait, ils ont le droit pour eux, au moins en sont-ils tous intimement convaincus. Il ne faudrait cependant pas qu’on puisse leur reprocher ce qu’ils font, ni que les proches de la victime soient tentés de la venger. Sacrifier, oui, mais sans être accusé soi-même et sans se salir les mains. La lapidation a cette vertu : personne ne touche la victime et on ne sait pas qui a lancé la pierre mortelle. En guise de pierres, ils jettent des « réformes ». Aucune ne tue. Toutes affaiblissent petit à petit la victime. Ils s’encouragent les uns les autres par toutes sortes de cris et d’accusations. Leurs coups, comme il se doit, sont accompagnés de crachats et d’injures : corrompue ! paresseuse ! fraudeuse ! incapable ! tu n’as que ce que tu mérites !… Le supplice dure depuis 5 ans ! La coupable a encore des soubresauts. Elle se débat. Elle veut vivre. Dans un sursaut de désespoir elle a donné la victoire à Syriza. Les 18 sont embarrassés. Ils s’efforcent de plus belle d’obtenir son accord, ils voudraient, pour se dédouaner définitivement, qu’elle-même approuve le châtiment qu’elle subit. Ils ne cèdent pas. L’action commune soude le groupe, maintient la paix entre ses membres, les fait communier dans la même animosité à l’égard de l’indigne coupable. Que peut celle qui est seule face à 18 ? Ils trouveront toujours un expédient pour la contraindre. Ils sont trop nombreux, trop forts, trop aidés par de trop nombreux complices, et ils ne reculent devant rien. Elle vient d’avoir un autre sursaut désespéré : le recours au peuple par référendum. Pris par surprise, les 18 affichent tout leur mépris pour une telle décision. Ils ne sont pas disposés à se laisser fléchir. Ils cherchent à la paralyser, lui jette à la tête de nouvelles réformes…
    Il faudrait, pour que la Grèce s’en sorte, pour qu’elle ait la vie sauve en tant que nation souveraine, que l’un au moins des 18 entende la voix qui dit : « que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre… ». S’il l’entendait, il se retirerait ? S’il se retirait, les autres le suivraient…
    Pourquoi la France ne l’entend-elle pas !?… Pourquoi la France, qui se veut le défenseur des faibles, le défenseur du droit, le défenseur de la liberté, ne l’entend-elle pas !?… Honte sur nous, qui sommes aveugles et sourds !

    Répondre
    • brasucade

      3 juillet 2015

      Parmi les 18 « lyncheurs », il y a une bonne moitié qui y vont avec un couteau à la gorge. Prenons Chypre, par exemple. Combien de jours pourrait-elle tenir sans l’oxygène européen ? A ces « lyncheurs » ont peut accorder les circonstances atténuantes.

      Mais vous avez absolument raison sur le cas de la France. S’est-elle totalement vidée de sa substance ?

  • Stéphane

    1 juillet 2015

    Vision d’un libertarien sur la prose de Mr Gave :

    – Le bien commun, l’intérêt commun, cela n’existe pas, c’est toujours l’intérêt de quelques uns au détriment de quelques autres, et que les bénéficiaires soient les plus nombreux n’en fait pas pour autant une cause juste.

    – Renan est bien dans la veine du 19 ième siècle et de la révolution française dans ce qu’elle a accouché de plus détestable comme collectivisme (avec le socialisme, enfant de la révolution française aussi) : le nationalisme.

    Le concept de « peuple », ou  » Etat-nation » est, contrairement à ce qu’affirme Mr Gave (que j’adore par ailleurs), un concept/idée tout récent, apparu avec la révolution française et le comité de salut public (dans le but de faire et de gagner la guerre).

    Ce nationalisme a émergé véritablement avec la première guerre mondiale, ou des individus ont été forcés de s’entretuer alors qu’ils n’en avaient rien à faire (sauf pour les convaincus par la propagande étatique).

    Comme disait Machiavel, « Penser l’état, c’est penser la guerre … »

    Le concept de « vivre ensemble » est un concept collectiviste, chaque individu constituant la communauté que l’on appelle peuple ayant une vision différente de ce concept et de ce qu’il recouvre par rapport à son voisin.

    Exemple : Demandez donc à chaque français ce qu’est un français pour lui, vous obtiendrez 66 millions de définitions différentes ….

    Bref, on nous a vendu les états-unis d’europe, havre de libertés individuelles, alors que ce sont des collectivistes (Delors en tête) qui nous le promettaient !!!

    Ces gens là n’avaient comme objectif que de créer l’URSS d’Europe, et comme l’URSS, cela ne peut pas marcher …

    Mais avant que cela ne s’écroule, beaucoup de gens vont encore souffrir, masi pas nos dirigeants collectivistes …

    Bien cordialement,

    Répondre
  • Mybofy

    1 juillet 2015

    Encore une fois, une confusion, délibérée ? : l’euro, unité de compte ; l’euro, constuction libérale, dont les grecs sont victimes aujourd’hui.

    Oui à l’euro, unité de compte, neutre par nature.
    Non, l’euro, appellation du fondamentalisme libéral, hegémonique parmi les « élites » européennes, qui donnent à la finance ce qu’elles volent aux citoyens.

    Répondre
  • Denis Monod-Broca

    1 juillet 2015

    Combattre le nationalisme est justifié.

    Mais, comme un médecin qui tue son malade pour mettre fin à sa maladie, « Ils » pensent faire disparaître le nationalisme en faisant disparaître les nations.

    Il en résulte un européisme qui est un nationalisme en pire.

    Vive la Grèce qui relève la tête !

    Honte sur nous !

    Répondre
  • DrStef

    30 juin 2015

    Excellent billet. Et lumineux comme d’habitude.

    Puisqu’on cite JJ Rosa, deux chapitres de son bouquin « l’erreur europeenne » (1998) sont disponibles « on line »
    http://jeanjacques.rosa.pagesperso-orange.fr/liv-err-eur.htm
    Celui qui nous interesse:
    http://jeanjacques.rosa.pagesperso-orange.fr/liv-erreur-euro-chap2.pdf

    Et qui se souvient du duel Milton Friedman / Robert Mundell (l’un des peres de la monnaie unique) en 2001. Tout y etait deja, chargement gratuit a la 8eme ligne:
    « Mundell-Friedman: the Nobel Money Duel »
    Robert Mundell and Milton Friedman debate the virtues—or not—of fixed exchange rates, gold, and a world currency.
    Published in Options Politiques, May2001

    http://robertmundell.net/ebooks/free-downloads/

    Il doit bien exister une version francaise quelquepart… 🙂

    DrStef

    Répondre
  • riz

    30 juin 2015

    Bizarre mais je ne vois pas la Grèce sortir de l’euro qui est une construction politique et non pas économique donc d’un point de vue économique elle doit sortir mais d’un point de vue politique rester et puisque le politique prime sur l’éco elle doit rester .

    La volatilité sur le cac est de 32 c’est énorme et appel une chute d’environ 17-18% soit 4400-4450 en juillet août c’est le risque à forte proba donc la semaine prochaine va être houleuse et même tout le mois de juillet voire août
    Belle occasion d’achat sur 4450 ensuite 5700 en 2016 et tant que pas repassé 6168 on est pas en fin de cycle car à per comparable (24 en 2000 et 16 en 2007) 2007 était supérieur à 2000 , 2007 étant raisonnable on reviendra titiller les 6168 d’ici 2 ans mais ensuite on pourra se considérer en haut de cycle .
    Si on dit aux Grecs si on sort de l’euro la valeur de vos comptes contre dollar ou euro baisse de 40% ben vos voitures iphone , dettes en euro , pétrole etc … vont flamber ben y vont hésiter les grecs .Les super riches ont déjà placé leur argent à l’étranger en euro , dollar, franc suisse …mais il leur faut être dans une banque étrangère à l’étranger. mais bon je ne vois pas la Grèce sortir de l’euro mais plutôt la troïka avec une grosse ardoise .Les gouvernements ça va ça vient ce que veut la troïka c’est sortir ces trotskystes (un kyste qui leur vampirise leur argent) .Les Grecs n’ont pas fini de nous balader , la cigale va nous faire danser .
    En Argentine en 2001-2002 le peuple a été rincé quand l’arrimage au dollar a volé en éclats .
    Quand j’ai lu que Varoufakis était un expert en théorie des jeux j’ai bien compris qu’on allait aller de rebondissements en rebondissements , il joue bien son jeu et il n’a pas fini de jouer bien que ça fasse déjà 5 ans qu’ils jouent déjà .

    Répondre
  • Arsene Holmes

    30 juin 2015

    Cher Mr Gave,

    Excellent article comme d’habitude

    Je voudrais vous poser une question:

    Martin Armstrong (je ne sais pas si vous êtes familier avec lui), propose une solution pour résoudrre le problème de la Grèce.(http://www.armstrongeconomics.com/archives/34175)
    – Sortie de l’euro
    – Reinstallation de la drachme
    – Suspension du payment de toutes les dettes
    – Conversion de la dette en actions exclusivement domestiques ( debt to private equity swap)
    – Suppression de l’impot sur le revenu

    Qu’en pensez vous?

    Merci

    Répondre
    • jcgruffat

      30 juin 2015

      Chere Arsene Holmes,
      Comment isoler un pays qui doit importer 90% de ses besoins elementaires?

    • idlibertes

      1 juillet 2015

      Bonjour,

      Si la dette est supprimée, les banques Allemandes sautent la minute. Ce sont elles qui détiennent 90% des dettes grecques.

      Les gens parlent d’effacement des dettes en faisant semblant d’oublier que qui dit dette dit préteur.
      Si les banques allemandes menacent de sauter, qui va financer la zone euro?

      Mais la solution de Martin Amstrong est parfait pour un superbe bank run, et la mise en place d’une anarchie totale si c’est l’idée. parfait

    • idlibertes

      1 juillet 2015

      Bonjour,

      Si la dette est supprimée, les banques Allemandes sautent la minute. Ce sont elles qui détiennent 90% des dettes grecques.

      Les gens parlent d’effacement des dettes en faisant semblant d’oublier que qui dit dette dit préteur.
      Si les banques allemandes menacent de sauter, qui va financer la zone euro?
      Mais la solution de Martin Amstrong est parfait pour un superbe bank run, et la mise en place d’une anarchie totale si c’est l’idée. parfait

      Donc, jusqu’à Reinstallation de la drachme, ok.
      Ensuite, la dette se retrouver evaluée en monnaie nationale ce qui impactera forcement le système allemand et donc européen lmais permettra de fixer un cours de conversion entre Euro /drachme.

    • Arsene Holmes

      2 juillet 2015

      Merci de votre réponse.
      D’après ce que je comprend de sa suggestion, il ne parle pas de supprimer la dette mais de la transformer en actions ( j’imagine avec un haircut de toute facon inévitable dans tous les cas de figure). Le problème devient en actions de quoi?

  • CHS

    30 juin 2015

    je ne suis pas certain que le Pykettisme dominant ici en Europe parmi les politiques, les medias, les universitaires et les syndicats,
    mais aussi là bas aux USA dans une moindre mesure à travers dans les medias et les universitaires et certains bons esprits,
    puisse nous autoriser à croire en de bonnes nouvelles avec cette affaire grecque  » héllas ».

    le langage de ce  » bon auteur  » ce matin laisse bien voir le contraire,

    les tenants et professionnels des déficits couplés avec mezzanine « abandon de créances  » sont à la parade,
    ces concepts constituent l’ alpha et l’ omega du développement européen version  » grande école d’économie » française
    le pire est bien devant nous

    Répondre
  • Candide

    30 juin 2015

    Je vais poser une question idiote :
    Normalement, le taux d’intérêt pratiqué par une banque-assurance intègre le risque de défaut. Plus le risque est élevé, plus le taux est haut. Les éventuels défauts de paiement sont compensés par les gains sur le reste du portefeuille.

    Aussi, lorsque les taux pratiqués sont proches de zéro, comment peut-on faire pour « éponger » les pertes d’un défaut de paiement ?
    Même si la Grèce ne représente que quelques % du marché obligataire en Europe, comment les compagnies financières vont-elles surmonter la perte si elles ne gagnent rien par ailleurs ?

    Ces oracles infaillibles que sont Hollande et Sapin assurent qu’il n’y a aucun risque. Certes, mais tout de même, quelqu’un peut m’expliquer ?

    Répondre
  • novice

    30 juin 2015

    Imaginons qu’un ménage grecque emprunte 100K EURO pour sa maison. Si la gréce revient à sa propre monnaie et que celle-ci dévalue de moitier, devra t-il rembourser 200K Drachme ?

    Si oui, j’espère que leurs salaires doubleront en Drachme…

    Répondre
    • Toto

      1 juillet 2015

      Bonjour,

      d’apres un éminent spécialiste en droit des finances local, les dettes des particuliers seront relabellés en drachmes car elles sont toutes de droit grec.

    • idlibertes

      1 juillet 2015

      leur dette sera auprès de leur banque et sera relabellisée en drachme. oui,

  • yaacov

    30 juin 2015

    il faut que cet euro disparaisse …
    nous ne sommes pas les états unis…
    et encore … même les états unis n’ont pas réussi à « lisser » leur culture au sud comme au nord, a l’est comme à l’ouest … ils ont pour eux la langue commune, c’est a dire l’anglais …
    mais en ‘Europe’ entre la zone Schengen, la zone ‘Euro’, ‘l’Europe économique’, l’union européenne … et l’Europe tout court, tout le monde s’y perd…
    alors allez dire à un Portugais du sud « Jeg ville kjøpe brød » et on risque de rigoler pendant un moment …
    idem si, moi français, je vais à Odessa dire « je voudrais acheter du pain » et là, c’est eux qui rigolent …
    trop de différences …
    5000 euros pour un studio sur les champs Elysées et…
    50 euros pour un palace au fin fond de la Pologne…
    trop de disparités…
    et je ne parle même pas de ce que les gens peuvent manger …
    vous prendrez bien une brochette de bulldog pour votre déjeuner ? …

    Répondre
  • Christophe

    30 juin 2015

    Précisons la « sociologie » du vote : les retraités voteront Oui.

    Ils s’accrochent à leurs énormes pensions de retraite en euros (l’écart en salaire minimum et pension moyenne est stupéfiant, lire ici article de C Saint Etienne):
    http://www.lepoint.fr/economie/retraites-la-france-et-la-grece-meme-epee-de-damocles-27-06-2015-1940408_28.php

    Les fonctionnaires, les rentiers du système clientéliste grec, voteront bien entendu Oui.

    Plus largement, les peureux voteront Oui. L’esclavage vaut mieux que l’incertitude.

    Seuls les jeunes, n’ayant rien, et n’ayant rien à perdre, voteront Non.

    Le résultat sera serré.

    Répondre
    • Robert Marchenoir

      30 juin 2015

      Il n’est pas honnête d’insinuer que les retraités grecs ont « d’énormes pensions de retraite en euros », et d’ailleurs l’article que vous désignez ne dit pas du tout cela : il met en évidence l’écart entre les retraites des fonctionnaires, avantageuses, et celles du secteur du privé, qui sont tout sauf « énormes ». Beaucoup de retraités subsistent grâce aux distributions de nourriture gratuites.

      Au demeurant, comparer le niveau des retraites avec celui du salaire minimum, comme le fait l’auteur, n’est pas honnête non plus. Comme si le niveau normal d’une pension de retraite était celui du salaire minimum ! La comparaison correcte est celle avec le salaire d’activité.

    • brasucade

      3 juillet 2015

      Sur les faits : les pensions de retraite en Grèce sont très inégales. Il y a probablement 20% qui en vivent fort bien mais il y a aussi au moins le double qui vivent au dessous du seuil de pauvreté. De plus, les indemnités chômage sont minimales, dans un pays ou 50% des jeunes n’ont pas d »emploi. Ce sont les retraités qui les maintiennent en survie.

      Sur la culture : les grecs penchent plutôt vers l’Orient. Ils ne raisonnent pas froidement en boutiquiers. Ils surprennent souvent leurs adversaires. C’est là où les « Institutions » se plantent avec eux.

  • PQR

    30 juin 2015

    Très agréable à lire, comme d’habitude. Je pense que vous avez raison sur l’analyse de la nature de l’euro. Sur la nature de l’alternative, vous me paraissait trop optimiste. Sortir de l’euro si c’est pour se retrouver dans un régime communiste, non merci ! Sortir de l’euro est nécessaire, mais il faut avoir conscience que toutes les alternatives ne sont pas roses (façon de parler).
    Bien à vous,

    Répondre
  • jcgruffat

    29 juin 2015

    Qui veut prendre le pari que les Grecs voteront OUI?

    Répondre
  • P.M

    29 juin 2015

    Si j étais grec mais vous n êtes pas grec( moi non plus d ailleurs)

    Pour comprendre ce qui va se passer il ne faut pas réfléchir en économie,même pas en politique,c est du religieux
    Ils croient aux mensonges qu ils énoncent …
    La grece n est pas assez grosse pour faire sauter le système
    Et le système est il un inconvénient pour les USA ,la Chine,le Japon,la sainte Russie?

    L Europe est menacée par ien d autres dangers plus graves que l euro

    Répondre
    • idlibertes

      29 juin 2015

      Le risque n’est pas que la gréce fasse sauter le système mais qu’ils en sortent et que cela fonctionne mieux en dehors que dedans.

    • Vincent L-F

      30 juin 2015

      Mais les ODS, technocrates ou autres intrigants ne seraient-ils pas alors tentés de saboter la résurrection des Grecs?

    • Candide

      30 juin 2015

      Bien sûr que si et la tactique grecque, consistant à accumuler des liquidités dans les bas de laine et trouver des alliés à l’extérieur (Russie) prend cette dimension en compte.

      Il est d’ailleurs frappant de voir que c’est toujours l’eurogroupe qui court après la Grèce pour renouer le fil des négociations. Les ODS ne font pas un cadeau à la Grèce, ils essaient de défendre leur mainmise sur l’Europe. Je ne sais pas quels arguments ont été utilisés en coulisse pour essayer de faire fléchir Tsipras, mais quelque chose me dit que ce devait être violent.

    • Arsene Holmes

      2 juillet 2015

      Cher Monsieur Gave,

      Je sais que vous pensez que la Grèce hors de l’euro perfomera beaucoup mieux.

      Je suis partisan qu’ell en sorte mais je ne suis pas convaincu qu’elle fera beaucoup mieux et ce en raison des défauts majeurs du pays:

      – ils sont habitués depuis des décennies à recevoir de l’argent gratuit des étrangers ( USA puis Europe)
      – ils sont totalement allergiques aux impots et pensez vous qu’ils ne le seront plus une fois out
      – leur économie exporte peu

      C’est quand mème un pays qui a été en défaut de paiement pour la moitié de sa vie indépendente.

  • Philippe Fabry

    29 juin 2015

    Cher Monsieur Gave,

    « Milton Friedman, bon connaisseur de la monnaie s’il en fut, avait coutume de dire qu’à sa connaissance c’était la première fois dans l’Histoire que des pays souverains décidaient de tous utiliser la même monnaie »

    A vrai dire, ce n’était pas la première fois. Les Grecs, nos prédécesseurs antiques, avaient tenté la même chose avec la Ligue achéenne : confédération de cités ayant, au témoignage de Polybe, même monnaie, même poids et mesures, un conseil commun, des tribunaux communs, une législation commune. Cela a fini dans les déchirements et la guerre.

    Répondre
    • Jean

      1 juillet 2015

      Et la Suisse ?

      Une monnaie commune peut fonctionner si :
      – les règles sont claires
      – une sortie est possible, soit unilatéralement, soit comme sanction.

      Normallement, et c’est ce qu’on cru les allemands, lorsqu’on joue à un jeu, on en accepte les règles, et on essaie de jouer la partie le mieux possible pour ne pas perdre.

      Erreur ! La plupart des pays du Sud estiment que les règles ne sont que des déclarations d’intention (il n’y a qu’à voir la Constitution française et sa déclaration de 1946 pour s’en convaincre), mais pas liantes.
      Dans les pays du Sud c’est en fait d’autres règles, non écrites, probablement basées sur l’opinion générale et la nécessité immédiate, qui sont applicables (et appliquées).
      Par conséquent les pays du Sud ne cherchent pas à s’adapter aux règles, mais à adapter les règles ! En fonction de ce que l’instant commande.

      L’aspect culturel est donc important. C’est pour cela que cela fonctionne en Suisse, en raison d’une culture et de valeurs proches.
      C’est pour cela que l’or, dont les règles sont immuables puisqu’on ne peut pas en « imprimer », fonctionne comme monnaie, meme au Sud.

      Le respect des traités aurait du faire paniquer les grecs, français, italiens, … et pousser à la vertu. Mais cela n’a pas été le cas. Peut-être parce que les allemands ont été les premiers à ne pas le faire il y a quelques années !

  • alf

    29 juin 2015

    Amusant de voir un billet (excellent comme d’habitude) de Charles gave qui commence par une référence à Lenine en lui donnant raison 🙂

    « Les oints du seigneur tous socialistes ». Il y a beaucoud de « les républicains » ou d’UDI/Modem parmis les ODS, les considérez vous comme « socialistes »? D’ailleurs, les « socialistes » (P « S » comme les appelle Jacques Sapir) sont-ils vraiment socialistes? « je n’aime pas les socialistes car ils ne sont pas socialistes » Charles de Gaulle.

    Complétement d’accord sur la volonté de détruire les nations entre autres par l’UE / l’Euro mais aussi par la mise en place des Euro-Régions … tout cela avec le soutien de tous les médias « mainstream ».

    Répondre
    • nolife

      29 juin 2015

      « L’Europe des Régions a déjà existé, cela s’appelait le Moyen-Âge »

      Pompidou

      « « Dès lors que nous ne nous battons plus entre Européens occidentaux, dès lors qu’il n’y a plus de rivalités immédiates et qu ‘il n ‘y a pas de guerre, ni même de guerre imaginable, entre la France et l’Allemagne, entre la France et l’Italie et, bien entendu, entre la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Angleterre, eh bien ! il est absolument normal que s’établisse entre ces pays occidentaux une solidarité. C’est cela l’Europe, et je crois que cette solidarité doit être organisée. Il s’agit de savoir comment et sous quelle forme.

      Alors, il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur les réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! », « l’Europe ! », « l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.

      Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont. Comment sont-elles ? Vous avez un pays français, on ne peut pas le discuter, il y en a un. Vous avez un pays allemand, on ne peut pas le discuter, il y en a un. Vous avez un pays italien, vous avez un pays belge, vous avez un pays hollandais, vous avez un pays luxembourgeois et vous avez, un peu plus loin, un pays anglais et vous avez un pays espagnol, etc. Ce sont des pays, ils ont leur histoire, ils ont leur langue, ils ont leur manière de vivre et ils sont des Français, des Allemands, des Italiens, des Anglais, des Hollandais, des Belges, des Espagnols, des Luxembourgeois. Ce sont ces pays-là qu’il faut habituer progressivement à vivre ensemble et à agir ensemble. A cet égard, je suis le premier à reconnaître et à penser que le Marché commun est essentiel, car si on arrive à l’organiser, et, par conséquent, à établir une réelle solidarité économique entre ces pays européens, on aura fait beaucoup pour le rapprochement fondamental et pour la vie commune. »

      (…)

      « Alors, vous en avez qui crient : « Mais l’Europe, l’Europe supranationale ! il n’y a qu’à mettre tout cela ensemble, il n’y a qu’à fondre tout cela ensemble, les Français avec les Allemands, les Italiens avec les Anglais », etc. Oui, vous savez, c’est commode et quelquefois c’est assez séduisant, on va sur des chimères, on va sur des mythes. Mais il y a les réalités et les réalités ne se traitent pas comme cela. Les réalités se traitent à partir d’elles-mêmes.  »

      de Gaulle

    • alf

      29 juin 2015

      « On ne fait pas d’omelette avec des œufs durs » Charles de Gaulle.

  • Fançois

    29 juin 2015

    j’ai mis ma ceinture!

    Répondre
  • chris

    29 juin 2015

    magnifique….tout est dit

    Répondre
  • Résistant Valaisan

    29 juin 2015

    On lit ça et là que les intentions de vote sont à 56% en faveur du « oui ».

    Info ou intox ?

    Répondre
  • Résistant Valaisan

    29 juin 2015

    On lit ça et là des intentions de vote à 56% en faveur du oui.

    Info ou intox ?

    Répondre
  • Samuel

    29 juin 2015

    Analyse magistrale !
    Comme d’habitude, rien a redire.

    Répondre
  • Libre

    29 juin 2015

    La Grèce ne peut juridiquement quitter l’euro que si elle sort de l’union européeene.De ce fait le gouvernement marxiste aurait les mains libres …Ce qui en retour profiterait aux démagogues dans d’autres pays de l’UE.Donc vers l’éffondrement économique général avec leur politiques comme le retour de la « planche à billets » à grande échelle et l’étatisation rapide des économies (c’est déja le cas dans beacoup d’entre eux)…Cela à un air de déja vu…Aux USA espérons que Rand Paul gagne sinon c’en est également fini de l’économie US…

    Répondre
    • Duff

      29 juin 2015

      Personne ne respecte les traités, c’est d’ailleurs une spécialité européenne de ces 2000 ans écoulés : à peine on conclut un traité qu’une des parties se torchent avec.. Même sortis de l’euro, on ne va pas non plus envoyer Tsipras dans les bras de Poutine, l’UE veut la peut de Tsipras ce qui n’est pas pareil.

    • idlibertes

      30 juin 2015

      Si elle le peut juridiquement via la lex monetae. Nous en avons parlé dans le cadre de notre dossier sur l’euro que vous pouvez trouver encore sur le site.

  • Duff

    29 juin 2015

    Magistral.

    Devinez quoi? La phrase choc prononcée par JC Juncker tout à l’heure était en gros « ce n’est pas parce que vous ne redoutez pas la mort qu’il faut aller au suicide » voilà un bel écho à une des observation faite dans le texte du jour..

    Répondre
  • jimmie19

    29 juin 2015

    Tsipras n’aurait pas eu de majorité au parlement pour faire voter les conditions des techno-UE s’il les avait acceptées.
    Avec le référendum il joue gagnant : en cas de oui le parlement est obligé de suivre, en cas de non il pourra dire : c’est pas moi c’est le Peuple, et renégocier en position de force.
    Malin non?

    Répondre
    • nolife

      29 juin 2015

      Si ils votent « Non », ils seront sans doute contraint de quitter la zone €.

  • vieux dinosaure

    29 juin 2015

    c’est incroyable que Tsipras et Varoufakis n’aient pas prepare un plan B avant le referendum. ( monnaie parallele ). Ils mettent les electeurs sont dans le noir total s’ils votent Non. Il y a de fortes chances que les votes aillent vers  » the devil we know » plutot que vers l’inconnu.

    Répondre
  • Josick Croyal

    29 juin 2015

    « mais ça va secouer. » Mais non mais non, notre cher Président vient de rappeler que la France avait une économie solide !

    Répondre
  • Josick Croyal

    29 juin 2015

    Jucker qui voulait réinventer l’esclavage éternel (une forme de taux d’usurier qui rend esclave de génération en génération) se dit outré du comportement grec…

    Répondre
  • FrancisC

    29 juin 2015

    Ce référendum n’est-il pas plutôt une façon pour Tsipras de partir sans perdre trop la face?
    Tsipras a été élu de justesse. Transformer son 30% de voix en 50% ou plus semble peu probable. La beauté du referendum, c’est qu’il n’y a plus les finesses des alliances de partis, mais un choix binaire.

    Répondre
    • nolife

      29 juin 2015

      Ou de pouvoir sortir de l’€ avec un mandat populaire, car il était favorable au départ et a changé d’opinion quand il a compris que les Grecs étaient attachés à l’€.

  • nolife

    29 juin 2015

    Bonjour,

    Moi je pense qu’entre le chien et le loup pour reprendre la fable de la Fontaine, les gens choisissent d’être chien.

    Les Grecs sont attachés à l’€ comme une femme battue l’est à son mari riche.
    On a souvent tendance à se faire une trop belle opinion de l’humanité …

    Drachme = inflation à pluisuers dizaines de % + instabilité or des popluations vieillissantes ne veulent prendre de risques, ce sont les jeunes comme Tsipras qui peuvent les prendre.

    Répondre
    • brasucade

      3 juillet 2015

      Je pense plutôt qu’ils sont attachés à la perspective d’effacement d’une centaine de milliards de leur dette. Déjà, on leur avait promis une cinquantaine en 2012, à condition de rester « sages » et dociles.

      La BCE produira plus de 1.000 milliards de papier, les grecs espèrent en profiter avant d’essayer de reprendre leur liberté d’action.

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