14 juin, 2016

Le déni français sur son modèle social est pathétique

Le débat sur la loi travail est devenu surréaliste en France, avec entre autre, des manifestants non concernés par la loi, qui s’affrontent aux forces de police.

On ferait mieux d’expliquer encore et encore, qu’il y a encore 943 branches en France contre une cinquantaine en Allemagne. Ne pas vouloir reconnaître que l’accord d’entreprise est le lieux le plus efficace pour organiser le travail, revient à rester dans le « Centralisme Démocratique » d’antan cher au Parti Communiste et à ses obligés. Il prétendait organiser le bonheur des citoyens malgré eux…

 

Le coût du « Modèle Social français » est d’environ 750 Md€ soit le tiers de la richesse crée en France. On pourrait s’en réjouir si les résultats étaient probants… Malheureusement, notre « Modèle Social » ne protège pas du tout les pauvres. La France des exclus compte désormais 25M de personnes. Elle  est la honte de ce  « Modèle Social que le monde nous envie » comme François Mitterrand et Jacques Chirac l’ont seriné pendant des années dans un même aveuglement coupable…

Il est payé en grande partie par les hommes et les femmes que l’on montre en permanence du doigt, c’est à dire ceux du secteur privé. On voit mal comment en décourageant en permanence  ceux qui ont le plus de chances de créer des emplois et des richesses, on peut rendre un jour l’économie plus dynamique et plus efficace.

 

Une dramatique culture de laxisme s’est installée. Au cours des trente dernières années car la dette a augmenté chaque année en moyenne de 6%, alors que la croissance économique était au mieux de 2%. Tout cela pour financer aux deux tiers de la redistribution, des allocations ou des prestations en tout genre. Au lieu de travailler nous avons payé à crédit un modèle social à bout de souffle.

En donnant la primauté à la protection sociale plutôt qu’à la création d’emplois, les politiques se sont  fourvoyés dans un cercle vicieux dont ils ne savent plus se sortir.

Le financement repose essentiellement sur les entreprises et a contribué à dégrader leur situation financière, les empêchant de croitre et donc d’embaucher.

Il n’y a pas d’autres solutions que de  trouver des marges de manœuvres dans les dépenses publiques, en rendant l’état plus efficace. Un gain de productivité inscrit dans la durée de 10% dans la fonction publique d’état, de 20% dans les collectivités territoriales et de 15% dans la santé représenteraient 100Md€ d’économies.

 

Entendre le Président de la République dans le contexte actuel, vanter les mérites de « l’esprit collectif » devant l’équipe de France de football à Clairefontaine est pathétique. Il aurait pu en profiter pour rappeler que  les membres  de l’équipe qui crachaient par terre au moment où l’on chantait la Marseillaise n’étaient pas dignes d’être dans l’équipe de France.

 

Tant que la droite française continuera à imiter la gauche, elle échouera. Elle a fait sienne, bon gré mal gré, le modèle socialisant et archaïque qui plombe aujourd’hui le pays. Chez elle, le logiciel jacobin, étatiste, bonapartiste, gaulliste, a comme à gauche, relayé au fil des siècles l’héritage des lumières et de la révolution. Il a étouffé le courant libéral.

Il faudrait aussi que les candidats de droite comprennent enfin, qu’être libéral cela consiste à réinventer l’économie, libérer la créativité. Il faut de toute urgence imaginer une nouvelle politique en phase avec la révolution numérique

 

Au moment où de nombreux entrepreneurs envoient leur déclaration et leur chèque au titre de l’ISF, on assiste à une nouvelle attaque. La retenue à la source tant vantée par le gouvernement permettra de fusionner l’IR et la CSG…

 

Parallèlement on constate que les ménages ne détiennent aujourd’hui directement, selon l’Observatoire de l’Epargne Européenne, que 11% de la capitalisation boursière des entreprises françaises contre 30% il y a trente ans. Les français ne placent plus directement que 4,2% de leur patrimoine en actions. Les prélèvements sociaux sur les dividendes ont été portés de 1,1% en 1991 à 15,5% aujourd’hui. Pour un contribuable imposé au niveau de 35% à l’impôt sur le revenu la somme des prélèvements sociaux et fiscaux sur les dividendes atteint 59,1%. Si l’on souhaite que l’actionnariat des entreprises françaises soit détenu majoritairement par des actionnaires français il faut cesser le plus rapidement possible d’accabler les entrepreneurs.

 

En Allemagne, la production industrielle a progressé de 0,8% en avril contre – 1,1% en mars. L’orthodoxie économique prônée par l’Allemagne est de plus en plus remise en cause par les Européens et même le FMI. Au Japon, l’excédent commercial baisse en avril avec  la remontée du Yen. En Chine, les réserves de change baissent légèrement en mai. Les départs de capitaux sont en revanche en baisse….

 

La Grande Bretagne qui va voter le 23 juin prochain pour ou contre le Brexit est le prochain événement qui devrait faire évoluer une situation qui apparaît bloquée. Si la Grande Bretagne décidait de ne plus faire partie de l’Europe une phase de déstabilisation des marchés se produira, mais cela créera de nombreuses opportunités en particulier celle  de réfléchir sur l’Euro qui ne peut continuer longtemps  à fonctionner en l’état. Tout ceux qui ont su conserver un pourcentage de liquidités important dans leur portefeuille devraient pouvoir commencer à acheter un peu d’ actions….

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

16 Commentaires

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  • Léon

    18 juin 2016

    Cher Monsieur,

    Un coup à droite un coup à gauche, mais quel est le mot juste, le point de vu juste? Ici nous savons ce qui est mal, mais où est le bien ? Quelles sont vos propositions ? Si vous étiez à leur place, que feriez vous ?
    Le modèle social coûte de l’argent, certes. Mais ce modèle ne permet il pas de donner à manger à tous et une vie un minimum décente ?
    Ne pas oublier que ce modèle est le garant de la paix social.
    Au plaisir de vous lire,
    LB

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    • DrStefool

      20 juin 2016

      « Ne pas oublier que ce modèle est le garant de la paix social. »

      Cher monsieur. la paix sociale règne en Suisse, en Australie, au Canada malgré des dépenses publiques de 34 a 44% du PIB.

      En revanche en France c’est chômage de masse. Et on ne peut pas vraiment parler de « paix sociale ». Il y a comme un probleme …

      Il suffit de s’inspirer des bonnes politiques sociales mises en ouvre dans les pays cites plus haut. On va trouver pour la sante, les retraites, les indemnités chômage… un filet de sécurité minimum.
      Et surtout une fiscalité, des réglementations et un code du travail beaucoup plus légers.
      C’est possible, il suffit de copier les meilleurs.

      Stef du Canada

    • Leon Brumet

      21 juin 2016

      Merci pour votre message enrichissant.
      Le fait d’être pays totalement différent en terme de ressources par rapport aux pays cités n’est-il pas compliqué pour copier leur politique ?

    • DrStefool

      21 juin 2016

      @Leon Brumet

      Cher Monsieur il n’y a pas beaucoup d’arguments dans mon message parce que je n’ai pas beaucoup de temps.
      Le Canada souffre de la chute des cours du baril, mais l’économie continue a tourner. Mieux qu’en France en période d’expansion maximale…

      Néanmoins si les ressources naturelles vous font peur, regardez du cote de la Suisse. Par tête d’habitant ça doit être la première puissance industrielle et première puissance exportatrice mondiale.

      D’où vient ce miracle? des libertés, du cadre fiscal réglementaire favorable au business, d’un filet de protection social viable , qui ne détruit pas les capacités d’investissement des entreprises…
      Surement aussi un système éducatif qui assure une formation en adéquation avec les besoins de l’industrie, avec un apprentissage très précoce, et la flexibilité de se former et de monter dans les diplômes au cours de la vie… Je vous dis ça parce dans ma province canadienne on s’est penché sur le modèle suisse.

      Si vous copiez la Suisse la France deviendra a nouveau prospère, avec 78-80% de taux d’emploi dans la tranche 18-65 ans contre 63% aujourd’hui…
      parce que ce n’est pas le talent qui manque en France, c’est juste que l’environnement entrepreneurial, business, fiscal réglementaire, …l’hystérie égalitariste, sont catastrophiques, sterilisent le talent et la prise de risque et font de la France une sorte d’URSS « soft ».
      Qui était stérile aussi malgré des scientifiques et des ingénieurs de tout premier ordre.

      JE vous souhaite une bonne journée

      Stef du Canada

    • DELEUIL

      3 août 2016

      Quand on a un modèle social, on le défend, ce que ne font pas nos responsables politiques. Il faudrait instituer une contribution sociale à l’importation de produits en provenance de pays qui n’ont pas de systèmes sociaux à financer (retraites, sécurité sociale ….). Les fabrications françaises (ou européennes si cette contribution est étendue à l’Europe) retrouveraient de la compétitivité et nous pourrions continuer à défendre notre modèle social.

  • sassy2

    17 juin 2016

    le but de hollande et même sarkozy (et même chirac et même vge et même pompidou/ monnet) a été de phagocyter la France pour la dissoudre dans l' »union europeenne de la commission de bruxelles » (pour noname ;-))

    l’allemagne l’a bien fait en appauvrissant sa population (richesse par tête statistiquement inférieure à la France)

    Répondre
  • Christophe

    17 juin 2016

    Pour revenir sur la « loi travail », il est clair que la suppression du code général du travail et des accords de branches pour redéfinir le droit du travail par les seuls accords d’entreprise sera une « avancé ».

    J’imagine déjà le résultat des négociations entre une multinationale et un chômeur précarisé en fin de droit pour établir son contrat de travail. Il est clair que le rapport de force (équilibré) donnera des conditions équitables … n’en doutons pas !

    L’objectif libéral étant de développer les inégalités en Europe occidentale, et d’amener le travailleur européen sur le niveau de rémunération du travailleur vietnamien (l’ouvrier chinois étant déjà trop cher) nous y allons tout droit … pour la plus grande efficacité économique … bien sur !

    A au fait, … dans une Europe sans classes moyenne et au sous prolétariat généralisé, ou va t-on trouver de la consommation ?

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  • Ockham

    16 juin 2016

    Nous rabâchons c’est bien vrai et ils s’en foutent. La même scolastique règne sans partage. L’élite qui nous gouverne depuis près de 40 ans sortant de la même école a le plaisir de se faire réélire – en rigolant je suppose car c’est une bonne petite blague- avec l’aplomb d’affirmer qu’en travaillant moins que tout le monde nous sommes les plus meilleurs. 40 ans en travaillant moins cela fait mal à la dette qui leur permet d’être réélus et de sourire en nous prenant pour des « sans-dent » dans un état de droit!

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  • Oli

    15 juin 2016

    J’ai fai science po et on m’a bassine avec Keynes. Les dirigeants de la France a droite et à gauche ne savent pas penser par eux mêmes. En outre, ils ne veulent pas reconnaître leurs erreurs car ils sont notre élite ploutocratique. Ça fait 30 ans qu’on rabâche la même chose mais les cerveaux sont brainwashed. Ici aux USA les universités ont changé les esprits ces dix dernières années de la même manière.

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  • Marsan

    15 juin 2016

    Depuis 43 ans, j’entends parler de crise économique.
    Vivement le libéralisme, qu’on en sorte enfin!

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  • Gerhom

    15 juin 2016

    « Le débat sur la loi travail est devenu surréaliste en France »
    Il l’a en réalité toujours été. Le fond du problème n’est pas les accords d’entreprise. On assiste encore et toujours à des syndicats défendant les privilèges de la fonction publique. Le secteur privé n’étant quasiment plus représenté. On se retrouve dans le même cas de figure qu’en 95 avec la réforme Juppé…

    « Le coût du « Modèle Social français » est d’environ 750 Md€… »
    Qui osera réformer ce modèle (pourtant ca devient urgent !) quand nous voyons tout ce vacarme autour d’une petite loi travail qui aura certainement aucun effet positif.
    On est très loin de s’attaquer à réformer ce modèle afin qu’il soit plus en phase avec la situation actuelle du Pays… et ne parlons même pas de l’hypertrophie de l’Etat qui mérite également une petite cure, les 2 étant liés.
    La France, on l’a bien compris, ne veut pas de changement (réduction du niveau de vie), la régression sociale ils appellent ca…même si celui-ci à endetter considérablement les générations futures… et le taux de pauvreté continue à augmenter, avec le taux de chômage… tout va bien, pourquoi changer ?
    On ne parle pas de régression mais d’ajustement, mais ca, personne ne veut l’entendre. Donc nous connaissons déjà le nom de notre prochain Président du non changement, à savoir Mr Juppé.

    « Il faudrait aussi que les candidats de droite comprennent enfin, qu’être libéral cela consiste à réinventer l’économie, libérer la créativité. Il faut de toute urgence imaginer une nouvelle politique en phase avec la révolution numérique »
    Complètement d’accord, mais nous en sommes loin, je n’ai jamais été aussi pessimiste pour les élections de l’année prochaine tant aucun candidat ne représente cet état d’esprit.

    Tôt ou tard, la France sautera. Et je pense que c’est seulement à ce moment qu’il s’y passera des choses, et cela risque d’être douloureux.
    En attendant, nous continuons notre dérive… car nous n’avons plus de Capitaine à bord…

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  • Noname

    15 juin 2016

    « Si la Grande Bretagne décidait de ne plus faire partie de l’Europe … »
    Rien ne peut m’exaspérer davantage que le mauvais emploi du mot « Europe » !
    Ce mot a été dévoyé par les ayatollah UE-istes et pour une raison idéologique. Employer le vocabulaire dévoyé de ses adversaires est une faute impardonnable. On entend de ci de là des phrases aussi stupides que « La suisse ne fait pas partie de l’Europe » , « la Turquie va entrer dans l’Europe », … Je pense que la dérive des continents est une réalité, mais je crois aussi que la Turquie est autant européenne que le Royaume-Uni est ibérique.
    Merci de distinguer à l’avenir l’Europe de l’Union Européenne.

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    • Aljosha

      15 juin 2016

      C’est pas faux, et je reconnais tomber dans ce travers que vous dénoncez; je vais faire attention …
      Merci, saluations à votre frère et à Nomilktoday

    • sassy2

      17 juin 2016

      oui 😉

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