25 septembre, 2018

Les lunettes marxistes regardent encore le monde

 

La méconnaissance de la culture et de l’histoire d’un pays conduit à de graves impasses d’analyse. On ne peut comprendre l’action politique d’aujourd’hui et les réactions de certains peuples, si on méconnaît leur histoire, leur passé, leur littérature. L’affaire hongroise l’a révélée une nouvelle fois. Impossible de comprendre la politique du gouvernement actuel si on oublie que ce pays a été sous le joug communiste pendant près de cinquante ans et qu’il aspire donc aujourd’hui à la liberté et à l’indépendance.

 

En 1956, quand les troupes du pacte de Varsovie ont débarqué à Budapest, peu de monde en Europe a protesté contre cette agression. Chaudement repliés derrière le rideau de fer, protégés par l’OTAN, les Européens ont laissé faire et n’ont guère réagi. La répression à Budapest est aujourd’hui estimée à 25 000 morts, à quoi s’ajoutent près de 200 000 Hongrois partis en exil. Imre Nagy, le chef hongrois qui avait tenté de desserrer l’étau soviétique, fut laissé au pouvoir en 1956, puis arrêté en 1958 et exécuté. La répression fut d’une telle sévérité que les habitants en furent groggy et ne tentèrent plus aucune opposition avant 1989, soit trente ans. Il a fallu attendre la génération suivante pour que des jeunes qui n’avaient pas connu la répression de 1956-1958 osent se soulever contre le communisme.

 

L’Europe qui n’avait pas bougé alors prend aujourd’hui des sanctions contre la Hongrie parce que le Parlement de Strasbourg a estimé que le gouvernement Orban (réélu triomphalement pour un troisième mandat soit dit au passage) menait une politique trop indépendante. On peut comprendre qu’après avoir tant lutté contre l’URSS, les Hongrois n’aient pas envie de brader leur souveraineté à un autre conglomérat de pays. On peut comprendre aussi leur ressentiment face à ceux qui, ne les ayant pas aidés hier, leur disent aujourd’hui comment ils doivent gérer leur pays.

 

La question hongroise d’aujourd’hui est révélatrice d’une pensée marxiste qui imprègne encore les esprits. Si le marxisme, dans sa version stalinienne, a été vaincu, il demeure dans des versions trotskystes et maoïstes qui continuent d’imposer leur grille de lecture aux événements géopolitique.

 

La haine de la Russie où la victoire de Trotski

 

La haine actuelle à l’égard de la Russie se comprend par ce prisme. La psychose qui entoure l’action de Vladimir Poutine dans la presse et la politique à quelque chose de maladif. Il est très difficile d’avoir une analyse raisonnée sur ce pays, sur la politique effectivement menée par Poutine depuis 2000, sur les améliorations du pays et sur les failles qui perdurent. Alors que pendant toute la guerre froide la gauche a été prorusse et béate face à l’URSS, elle est aujourd’hui dans une opposition systématique qui relève plus de la psychose mentale que d’une analyse sereine. Cette position s’explique en partie par la permanence de la lecture marxiste.

 

Les chefs bolcheviks qui ont mené la révolution en Russie ne sont pas russes. Trotski est issu d’une famille juive d’Ukraine, Lénine vient de Simbirsk, une ville bâtie en 1648 dans les confins de l’Empire russe pour assurer la défense des frontières face aux nomades, et Staline est géorgien. Khrouchtchev et Brejnev ne sont pas russes eux aussi, mais Ukrainiens également. Quant à Gorbatchev, il vient de Stavropol, une région située au nord du Caucase. Lui en revanche est russe, mais d’une Russie très périphérique. Eltsine vient de l’Oural (Sverdlovsk), là aussi une région très périphérique de la Russie. Seul Vladimir Poutine vient du cœur de la Russie, puisqu’il est originaire de Saint-Pétersbourg. Ces différentes origines expliquent beaucoup de la politique de ces différents chefs d’État. Les chefs soviétiques qui ont dirigé la Russie n’étaient pas russes, soit au sens où ils appartenaient à un autre peuple, soit au sens où ils étaient issus d’une zone si périphérique et éloignée de la Russie utile et culturelle, qu’ils n’avaient pas grand-chose en commun avec la culture russe.

 

Non seulement les hauts chefs soviétiques n’étaient pas russes, mais ils avaient en plus une certaine haine à l’égard de la Russie, de sa culture et de son histoire. La Russie, c’était le tsarisme, l’orthodoxie, l’ancien régime, l’ancien monde qu’il fallait détruire et régénérer. Leur amour était pour l’Union soviétique, qui devait englober et effacer la Russie. Cela explique en partie les destructions et les attaques contre la culture russe. Ils ont fait passer le soviétisme avant la Russie, à l’inverse du Général de Gaulle qui a toujours parlé de la « Russie soviétique » et non pas de l’URSS. Cette haine de la Russie, pour ce qu’elle représente dans l’histoire de l’Europe et pour la façon dont elle se situe dans son environnement stratégique, s’est imbibée dans l’ensemble des partis communistes. Ce que défendaient Maurice Thorez ou Georges Marchais, ce n’était pas la Russie, mais l’Union soviétique. Cette détestation s’est infiltrée dans les journaux et chez les écrivaillons, elle est devenue une façon de voir la Russie et elle ressurgit dorénavant contre Vladimir Poutine qui est le premier russe du cœur historique à diriger le pays depuis Nicolas II. Il mène donc une politique russe, en faveur de la Russie, et non plus une politique soviétique, que les marxistes avaient appris à aimer et à défendre.

 

La haine que les journalistes et les intellectuels avaient à l’égard de la Russie durant la période soviétique a perduré même si le soviétisme a disparu.

 

Mao dans les cœurs

 

À partir des années 1960, nos marxistes se sont entichés de Mao qu’ils ont vénéré au plus haut point. Le portrait du dictateur ornait la cour de la Sorbonne en mai 1968 et nombreux furent les libelles à défendre la politique du Grand Timonier. Le refus de voir les morts, les échecs et les destructions perdurent encore aujourd’hui. Dans les manuels scolaires, on s’attarde longuement sur Staline, mais on ne parle pas des crimes de Mao, pourtant plus nombreux. Cet amour de Mao n’a jamais été l’objet d’un mea culpa de la part de ceux qui l’ont défendu et dont beaucoup occupent aujourd’hui des postes à la télévision et dans la presse. Il explique là aussi, en partie, la bienveillance dont fait preuve la Chine à l’égard de l’opinion.

 

Xi Jinping a repris sans complexe la politique de Mao et il est bien décidé à développer le nationalisme chinois pour faire de ce pays la première puissance mondiale en 2049. Certes, on s’attarde parfois sur les problèmes écologiques de Pékin et la qualité de l’air, mais sans parler de la pollution des sols et des cours d’eau. Certes, le Tibet attire encore quelques regards, mais comme chacun sait que le dalaï-lama est financé par la CIA et recueilli par l’Inde afin de planter une épine dans le pied chinois, sa parole porte désormais moins. En revanche, rien sur les limitations des libertés fondamentales, sur la surveillance accrue des populations, sur les répressions policières que subissent les minorités. Les mêmes qui brandissent les concepts de démocratie et de droits de l’homme pour la Russie se taisent complètement au sujet de la Chine. Que ce soit conscient ou non, cette attitude est le fruit de l’imprégnation marxiste des esprits qui a toujours fait regarder la Chine avec une grande bienveillance. Même la place Tiananmen est aujourd’hui oubliée.

 

La bienveillance dictatoriale

 

Cette bienveillance dictatoriale due à l’imprégnation marxiste se manifeste dans beaucoup d’autres situations géopolitiques. Le Venezuela de Chavez et Maduro en est une caricature. Idem pour Cuba et, actuellement, pour le Nicaragua de Daniel Ortega, qui a eu la bonne idée de prendre le pouvoir grâce à un groupe marxiste, ce qui le met à l’abri des indignations occidentales. Au Brésil, c’est Lula qui a toujours été adulé, alors qu’il était corrompu et qu’il a nui à son pays. La justice a fini par le mettre en prison. Au-delà du simple schéma de la lutte des classes et de la défense des pays du tiers-monde face aux oppresseurs occidentaux, le schéma marxiste de lecture de la géopolitique a introduit une haine irrationnelle à l’égard de certains pays et une bienveillance anormale à l’égard d’autres. Cela serait anodin si cela n’avait pas des conséquences sur notre diplomatie et sur notre approche économique des équilibres mondiaux. Ces œillères marxistes que l’Europe continue de porter l’empêchent d’avancer.

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

22 Commentaires

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  • Citoyen

    30 septembre 2018

    Article intéressant, cher auteur, qui donne une vision élargie de l’Est, à une petite nuance près …
    Eltsine, lui, n’a pas hésité a faire tirer sur les cocos … Poutine, lui, quand Chavez et Castro ont dégagé, n’a pas hésité à faire leur éloge.
    Il y a des tout petits signes, comme ceux-là, qu’il ne faut pas oublier de décoder, quand on veut y voir plus clair …

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  • Bernard

    28 septembre 2018

    Je ne suis pas complètement d’ accord, je pense aussi que la Russie est simplement plus proche de nous géographiquement, historiquement et culturellement donc ce qui se passe en Russie nous touche plus que ce qui se passe en Chine.

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  • Ockham

    27 septembre 2018

    Tout le monde sait que le socialisme ne marche pas. Le peuple français chérit l’escroc Marx depuis un bail. La démonstration de Karl Marx commençant par affirmer dans « Das Kapital » que l’énergie est gratuite est logiquement une énormité. La France paye des fonctionnaires pour professer cette théorie fumeuse à vie -beaucoup plus nocive que la bible, et ce n’est pas peu dire – y compris dans les facs de Science sans parler de la Sorbonne, petite URSS-Maoiste-Chaviste dont les meneurs -sur concours ou sur cooptation ? – sont bien payés à vie. Le socialisme est une injure à la logique élémentaire du charbonnier. La seule conclusion est que ce petit peuple fonctionnarisé ne sait pas qu’il n’a pas de pétrole! Qu’une ministre, probablement lobotomisée ou profondément déséquilibrée, promette les 35 heures au moment où le prix du pétrole est au maximum est applaudi. Confondant: les pommes ne tombent pas, elles montent! Et 35 ans après ceux qui professent ces idées et émargent à dix fois le smic sont très nombreux à Paris. N’oublions pas tous ces artistes qui donnent des leçons marxistes à la télé tous les jours. Ce sont des cancres en arithmétique ce qui est normal. Qu’ils restent donc dans leur art où ils sont le plus souvent excellents mais parfaits crétins quand ils sortent leurs idiosyncrasies « sociales ». D’innombrables perroquets médiatiques surenchérissent au lieu de leur clouer le bec pour ne pas raisonner plus mal que Bernardo Guy du temps de l’inquisition. Il est vrai que l’ancienne RTF dirigée quasiment par inertie par les syndicats marxistes en remet une couche. Ne passent que ceux qui font leurs « coming-out de goche » même les clowns désaxés ! La conclusion est que ces gens d’appareils sont soit des crétins dégénérés (pléonasme) ou mentent comme de vulgaires voleurs à la tire-retraite. Donc la descente continue. Le petit peuple, occupé à autre chose, sait qu’on se paye sa tête alors il croit à l’opposé au nationalisme … Que faire quand les artistes vont croire au sosie de Mussolini ?

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  • calal

    27 septembre 2018

    Certes, le Tibet attire encore quelques regards.

    Il semble que l’occupation du tibet par les chinois soit justifie par le fait que les sources des plus grands fleuves chinois y soient. C’est un peu la meme chose avec l’occupation du plateau du golan par l’IDF.La maitrise du stock et du flux de l’eau.

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  • marc

    26 septembre 2018

    Effectivement, la Chine se referme vers le marxiste, le dernier en date d’avant hier, toutes les écoles vont être inspectées, et tous les manuels scolaire étranger non approuvé par le partis communiste seront saisis.

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    • Jean-Baptiste Noé

      26 septembre 2018

      Tiens donc… Ils s’inspirent de l’éducation nationale ?!

    • marc

      27 septembre 2018

      Oui, tout a fait, tout le monde le sait, la France est le dernier pays communiste au monde.

      Sinon voici la propagande du PC chinois: les 12 valeurs du socialisme chinois (que l’on trouve un peu partout, sur les palissades de chantiers de construction depuis le president Xi) ou comme sur cette photo prise dans le metro il y a quelques jours: Démocratie, liberté … c’est a mourir de rire.

  • breizh

    25 septembre 2018

    quand on voit le président de la commission européenne inaugurée une statue de Karl Marx offert par la chine populaire…

    il n’a manifestement pas lu « j’ai choisi la liberté » de Kravchenko.

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  • sassy2

    25 septembre 2018

    Le marxisme est une décision prise par des cartels et des politiciens.
    La classe intellectuelle et les journalistes sont payés par ces cartels.

    Le saviez-vous ?
    « Bill Browder, « oligarque » est le fils du mathématicien Felix Browder et le petit-fils d’Earl Browder (en), l’ancien dirigeant du Parti communiste américain. » (ndlr lequel fut sponsorisé par la tarte eleanor roosevelt)

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  • Guillaume_rc

    25 septembre 2018

    Merci pour cette analyse, en particulier sur le caractère non russe des dirigeants soviétiques.

    Je rajouterai un point. Vous écrivez : « Si le marxisme, dans sa version stalinienne, a été vaincu, il demeure dans des versions trotskystes et maoïstes qui continuent d’imposer leur grille de lecture aux événements géopolitique ».
    Le vrai problème selon moi c’est que le PCF et les « intellectuels » ont réussi à imposer un distinguo « stalinisme vs communisme/marxisme ». Alors que c’est strictement la même chose, la même idéologie totalitaire et meurtrière.
    D’où la persistance de l’influence marxiste.

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    • Charles Heyd

      25 septembre 2018

      Evidemment! Cela me rappelle un blog très récent où un commentateur disait que les dictatures sud-américaines étaient du « caudillisme » et non du « fascisme »!
      J’ai répondu (en gros) que c’était du pareil au même (asservissement et massacre des populations)!

    • idlibertes

      25 septembre 2018

      Il faut arrêter de traîner chez Henry de lesquen aussi :))

    • Jean-Baptiste Noé

      26 septembre 2018

      Ce distinguo, c’est Khrouchtchev qui l’a établi.

      La déstalinisation ne vise pas à s’amender des crimes commis par le communisme mais à faire porter tous ces crimes sur Staline pour en exempter le communisme. Et lui-aussi au passage puisque, chargé de l’Ukraine, il y a organisé la grande famine de 1933 qui a tué près de 6M de personnes.

      Le rapport Khrouchtchev est une façon de dédouaner le communisme afin de le faire perdurer. C’est très habile. Dans les manuels scolaires français, au chapitre totalitarisme, les programmes parlent du nazisme, du fascisme et du stalinisme, pas du communisme. Ils ne disent pas en revanche hitlérisme ou mussolinisme.

  • Homo Orcus

    25 septembre 2018

    Un autre fait historique est à considérer : la Russie tzariste était prussienne, aujourd’hui nous constatons un rapprochement morganatique Poutine/Merkel au grand dam de Donald Trump.

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  • Scroubignon

    25 septembre 2018

    Il est effectivement assez terrifiant de constater la complaisance à l’égard de la Chine allant parfois jusqu’à la considérer comme un modèle quand on sait que ce gouvernement rejette les valeurs occidentales fondamentales et considère notamment la liberté comme ‘dangereuse’. On constate avec la même confusion la bienveillance de nos diplomates vis-à-vis des monarchies du golfe qui financent le wahhabisme et ses allumés… La Russie représenterait un excellent allié dans la lutte contre le terrorisme mais ces vieux verres teintés de rouge nous empêchent de prendre des décisions rationnelles…

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  • Oblabla

    25 septembre 2018

    « la dictature théocratique du Dalaï-lama », vous au moins vous ne manquez pas de souffle…

    Répondre
  • JLP

    25 septembre 2018

    Effectivement votre lecture « marxiste » des comportements éclaire d’un nouveau jour les contradictions de nos « élites pensantes »!Merci.
    Cependant il m’apparaît difficile, même dans ce cadre, de comprendre que les dites élites acceptent si bien la dictature théocratique de l’Arabie Saoudite ou du Dalaï-lama, tout en refusant les dictatures laïques de Chine ou de Syrie pour ne citer qu’elles.

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  • H.

    25 septembre 2018

    Bonjour,

    Analyse à laquelle je souscris pleinement. »La méconnaissance de la culture et de l’histoire d’un pays conduit à de graves impasses d’analyse. » écrivez-vous. Dans notre pays, son apprentissage a tellement été dénaturé par la main-mise effectuée par les thuriféraires de Marx et Engels que la connaissance de l’Histoire de notre pays se perd doucement, commençant au mieux en 1789. Et il y a tellement à dire sur l’enseignement des 230 années suivantes tant le mensonge et les omissions y sont dominants. Une partie des impasses de notre société vient de là, les mauvais constats entrainant les mauvaises décisions. Lorsque je rencontre des étudiants en Sciences-politiques ou en Histoire (niveau Master en règle générale), je leur demande toujours s’ils ont lu a minima « L’histoire de France » de Jacques Bainville. A 90% la réponse est non et ils n’en ont jamais entendu parler. La Gauche a investit ce domaine (gare aux déviants) et, devant l’échec patent de l’URSS, s’est rabattue depuis sur l’écologie (qui est devenue l’escroclogie et qui se caractérise essentiellement par un anti-capitalisme viscéral), un progressisme malsain niant les réalités culturelles des pays, le vivre-ensemble et l’anti-racisme. Les peuples ayant une mémoire profonde, il ne faut pas être surpris de la crise sociétale que nous vivons et de la monté d’un anti-européanisme important. L’évolution de l’actuel UE permet la cristallisation de ce courant tant elle a accumulé d’erreurs et qu’elle persiste à les mettre en œuvre. Plus que jamais « Errare humanum est, perseverare diabolicum ».

    Bonne journée

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