28 mai, 2018

Retour sur la Turquie

Il y a quelques mois, j’expliquais aux lecteurs de l’IDL que le prochain pays qui allait sauter était la Turquie du bien connu défenseur des Droits de l’Homme, pourvu qu’il réside en Palestine et non pas en Syrie, ce bon monsieur Erdogan.

Nous y sommes.

Quelques chiffres : Environ $180 milliards de la dette extérieure Turque arrivent à échéance dans les 12 mois qui viennent, et à ce montant il faut rajouter environ 50 milliards de déficits des comptes courants, qu’il va bien falloir financer aussi. La somme des deux correspond à peu près à 30% du PIB Turque tandis que les réserves de change intérieures ou extérieures se montent à un peu moins de 20 % du même PIB.

Oops…

Voilà qui semble indiquer un problème de « liquidité » à très, très court terme.

Et du coup, la livre turque se ratatine ce qui ne fait qu’aggraver le problème puisque la dette est en dollar ou en euro, les taux d’intérêts à court terme sont au plus haut et à mon humble avis, le FMI est en train de réserver des billets (en première classe bien sûr, ces gens ne voyagent qu’en première classe) pour rendre une visite à ce cher Recip dans son immense palais aux portes d’Ankara.

La routine en quelque sorte.

Peut -être.

Mais la ou les choses commencent à devenir vraiment intéressantes c’est quand l’on fait entrer dans l’équation les banques européennes.

D’après les statistiques officielles (qui sous estiment toujours la réalité) la Turquie aurait emprunté environ 450 milliards de dollars à des banques…principalement européennes et je n’ai pas le moindre doute que nous allons y retrouver les suspects habituels tels la Deutch Bank, le Crédit Agricole, ING, Unicredit ou la Socgen.

Et avec une dette aussi élevée, ce qui se profile à l’horizon est non seulement un problème de liquidité, mais aussi un problème de solvabilité.

Liquidité + Solvabilité= Gros problèmes en vue. Et nous allons avoir des élections anticipées en Turquie au mois de Juin, destinées à consolider le pouvoir déjà absolu de monsieur Erdogan

Il apparait donc assez probable que ces banques ne reverront qu’une petite partie de l’argent qu’elles ont prêté à la Sublime Porte et que personne ne sait exactement quand ces remboursements hypothétiques auront lieu.

Lesdites banques vont être obligées de passer des provisions sur la Turquie à hauteur de (mettons) 50 % de leur exposition, soit environ 225 milliards de dollars. Voila qui porterait un coup très sensible à la solvabilité de nos chers (oh combien !) établissements financiers puisque ces provisions viendront en déduction de leurs fonds propres, qui pour certains d’entre eux sont quasiment déjà négatifs.

En effet, et comme chacun le sait ou devrait le savoir, les prêts non performants de ces mêmes banques avoisinent les 1000 milliards d’euro ce qui est déjà monstrueux.

Dans le cas d’une faillite de la Turquie, ils passeraient à 1200 ou 1300 milliards d’euro, au minimum.

Comme cette somme est très supérieure aux fonds propres de ces banques, cela voudrait donc dire qu’il deviendrait de plus en plus difficile de dissimuler le fait qu’un grand nombre d’entre elles sont en quasi -faillite.

Et lorsque les dépositaires vont s’en rendre compte, il est probable que tout un chacun va aller voir sa banque pour en retirer le cash.  Nous allons vers un bon vieux « run on the bank » comme au XIX -ème siècle…

Qui plus est, je me demande si ces banques européennes, non contentes de prêter à la Turquie plutôt qu’aux PME françaises ou italiennes ne se seraient pas aventurées aussi à prêter en… dollars US. Rien de plus facile : La filiale américaine de la banque émet du papier commercial sur le marché de New- York, mettons à 1 % et les re-prête aussi sec à des entités turques à 2 %. Mais si ladite entité Turque fait défaut, alors la banque se retrouve short du dollar du montant qu’elle a prêtée. Et ma banque se met à couvrir ses positions comme une folle, créant ainsi la hausse du dollar qui ne fait qu’enfoncer un peu plus la pauvre Turquie.

Et du coup, les valeurs bancaires européennes se cassent la figure avec beaucoup d’entrain, ce qui rend impossible toute augmentation de capital. Je ne vois pas en effet qui pourrait souscrire à une augmentation de capital puisqu’une grande partie de ces banques sont en état de faillite technique, avec des fonds propres sans doute inferieurs à leurs prêts non performants. En fait, il faudrait me payer pour que je souscrive à une augmentation de capital ou que j’achète une banque en Europe aujourd’hui.

Et donc il n’est pas du tout impossible que nos élites financières soient obligées de faire un petit tour de piste à Bruxelles pour quémander à nouveau des aides diverses et variées du style demandes de recapitalisation, avantages fiscaux, autorisations de fusionner avec un concurrent sous condition de pouvoir virer quelques milliers de petits employés et que sais je encore.

Et toutes les populations du vieux continent vont se rendre compte que tous les soi-disant efforts faits –par elles et par elles seules– pour « sauver » les banques après les désastres de 2008-2009 et de 2011 2012 n’ont servi strictement à rien.

Et c’est là que risque d’intervenir le nouveau gouvernement en Italie, troisième personnage de ce drame antique, et c’est  que la situation passe d’intéressante à passionnante.

Les deux partis qui viennent de parvenir au pouvoir en Italie ont fait campagne en utilisant un message simple et de bon gout et ce message, que je résume librement, le voici :

« Les élites européennes sont incompétentes et corrompues, le projet monétaire commun (l’Euro) est une imbécillité sans nom et il est urgent de virer les premières et de sortir du second.  De fait et de Droit, les décisions importantes concernant la monnaie, le crédit ou les banques doivent sortir de Bruxelles et retourner à l’échelle nationale » 

Voila une réalité dont je suis sûr que la plupart des lecteurs de l’IDL sont convaincus.

Imaginons maintenant qu’une grande banque Italienne ait lourdement prêté a des entêtes Turques.

Imaginons que cela mette en difficultés cette banque Italienne qui demande au gouvernement Italien de la renflouer, ce qui est formellement interdit par les génies qui nous gouvernent à Bruxelles.

Voila qui serait un vrai chiffon rouge pour le nouveau gouvernement Italien qui en aucun cas ne peut laisser tomber l’une de ses banques, sauf à déclencher une vraie dépression en Italie.

Or il se trouve que l’Italie a aujourd’hui

  • Un excèdent de ses comptes extérieurs de près de 3. 5 % de son PIB
  • Un excédent primaire de son budget (ce qui veut dire que le budget est excédent AVANT paiement des intérêts sur la dette) de près de 2 % de son PIB
  • Une dette dont la duration a beaucoup augmenté depuis 2012
  • Une dette qui est très majoritairement détenue par des Italiens

C’est-à-dire que notre sœur Latine n’a absolument plus besoin des marchés financiers internationaux pour se financer au cas où elle sortirait de l’Euro.

Ce qui est loin d’être le cas de la France…

Jamais l’Italie n’a été dans une situation aussi favorable pour quitter et l’Euro et l’Union Européenne.

Nul doute que la Grande-Bretagne ne serait enchantée de commencer immédiatement des négociations avec le nouveau gouvernement Italien sur un traité commercial qui les unirait

J’ai toujours dit et écrit que la sortie de l’Italie sonnerait la fin de l’Euro.

Nous sommes peut-être en train d’y arriver.

Le moment d’acheter massivement l’Europe se rapproche, mais pour l’instant, gardez votre poudre sèche, très sèche, en tout, sauf en Euro bien sûr.

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Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

46 Commentaires

Répondre à Thibaut

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  • Grogro

    2 octobre 2018

    Je retombe sur cet article quelques mois plus tard, et depuis, la crise turque a éclaté.

    Aujourd’hui, début octobre, tous les regards se tournent effectivement en direction de l’Italie.
    Supposons que l’Italie puisse donc s’auto-financer indépendamment des marchés financiers, ce qui n’est évidemment pas le cas d’une France qui consomme trop et ne produit pas assez.
    Que se passerait-il si l’Italie décide de sortir de l’euro pour introduire une nouvelle lire italienne, en dévaluant massivement donc ?
    Ce qui devrait logiquement provoquer une hausse de l’euro, si l’euro survit.
    Que se passe-t-il si tout le monde vend massivement la dette italienne libellée en euros ? La nouvelle lire s’effondre non ?
    Peuvent-ils légalement relibeller la dette en lire comme le soutenait Asselineau dans le cas de la France ?
    Doivent-ils fermer les frontières (triangle de Mundell) au risque de perdre tout nouvel IDE, et de flinguer totalement la confiance des investisseurs ?

    Comment la France, en sortant de l’euro avant tout le monde (avant l’effondrement naturel et inévitable de l’union monétaire), pourrait profiter du fameux « l’avantage au premier sortant », étant donné notre sous productivité, le niveau de notre dette publique et l’état de nos finances ?

    Répondre
  • Da Silva

    31 mai 2018

    « Le moment d’acheter massivement l’Europe se rapproche, mais pour l’instant, gardez votre poudre sèche, très sèche, en tout, sauf en Euro bien sûr. »

    M. Charles Gave pouvez-vous expliquer cette phrase s’il vous plait?. Mes positions en actions actuelles sont des actions françaises (donc en euro) pour la majorité (mais des actions sures, LVMH, Air Liquide etc.. qui ont leur vente en majorité en dehors de l’Europe) et des actions japonaises en plus petite quantité. Est-ce une bonne chose de garder la majorité en actions françaises pour l’instant?

    Répondre
    • idlibertes

      31 mai 2018

      ???? J’ai du mal à vous expliquer.

      Gardez des positions liquides sauf en Euro?

      Du coup, comment classez vous des actions vis à vis des liquidités (:-)) et seconde question;Des actions française, c’est un peu en euro non?

      Du coup, pour moi en tous les cas, j’ai juste l’impression que ce serait à peu prés l’inverse de ce que CG dirait dans cet article mais je peux me tromper.

      Anyone?

    • Da Silva

      1 juin 2018

      Bonjour,

      je pense que je me suis mal exprimé. « gardez votre poudre sèche, très sèche, en tout, sauf en Euro bien sûr. » En gros ce que dit Charles c’est qu’il faut garder son cash en tout autre devise sauf en euro je pense. Mon cash est en Yen japonais en ce moment comme il le recommande.

      Et par contre on peut avoir des actions françaises tant qu’elles sont sures (comme celles que j’ai cité).
      Il recommande en ce moment d’investir sur les actions japonaises ce que j’ai fais en partie.

  • Thierry

    30 mai 2018

    Cher Monsieur Gave,

    Merci comme d’habitude pour cet excellent article. Votre conclusion m’effraie vraiment. Aussi je me permets de vous demander votre avis : j’ai déjà vendu la plupart de mon cash en Euro au dessus de 1,22 pour le changer en USD. J’ai également un peu d’or, qui devrait éviter la chute libre lorsqu’on l’exprime en Euro. Mais l’essentiel de mon patrimoine se situe tout de même dans l’immobilier.
    Il y a 3 et 4 ans, j’ai effectué deux emprunts afin d’acheter, d’une part, ma résidence principale, d’autre part un appartement que je loue en courte durée via les plateformes que vous connaissez sans doute. Les prix du marché ont progressé, j’ai transformé chaque fois ces deux pièces en trois pièces, faisant progresser la valeur des biens.
    Mais aujourd’hui j’envisage vraiment d’en revendre un des deux. Je me dis que si les taux grimpent en périphérie de zone, la France sera un jour contaminée elle aussi, et les propriétaires subiront alors l’effet ciseaux : les prix de l’immobiliers baisseront significativement parce que les emprunteurs n’auront plus accès au crédit dans les mêmes conditions, tandis que notre Etat ruiné augmentera les impôts sur les propriétaires pour faire face à l’explosion des charges de la dette, rendant l’investissement immobilier encore moins intéressant. Ils augmenteront aussi les charges sur les loyers qui eux, baisseront en parallèle des cours. Par contre, mes remboursements de crédits à la banque demeureront, eux, bien réels.
    J’hésite à revendre l’un des deux car j’éprouve de l’incertitude sur ce scénario, et également je ne sais pas trop que faire des liquidités dégagées…les placer sur un compte courant en banque ne me tente absolument pas par les temps qui courent. Ai-je raison de m’inquiéter concernant ma situation d’emprunteur à crédit et détenteur de biens immobiliers en France?
    Merci mille fois si vous trouvez un instant pour me répondre,

    Répondre
    • sassy2

      1 juin 2018

      quel est votre ratio de dette immo/ à votre prix d’achat?
      si autour de 50% à mon humble avis
      et si vous ou votre famille occuperiez volontiers ces biens alors pour moi aucun problème (vous êtes short euro)

      perso je suis à plus mais c’est à mes risques et périls et ce ne sont pas des biens standards

  • sassy2

    29 mai 2018

    Je vois que certains sur le forum sont défaitistes.
    Il faut ouvrir les yeux, s’ils s’en sortent d’ici 1mois,
    ce sera partie remise. C’est mathématique.
    Et les italiens vont comprendre qu’il n’y apas grand chose à perdre à CT mais beaucoup à gagner à MT

    Ayez confiance en Jean Pierre Mustier (kerviel), le ceo d’Unicredit.

    https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-05-29/bank-stocks-take-a-battering-as-italy-awakens-euro-breakup-fears

    Les défaististes vous n’êtes pas les seuls, le Great awakening est toujours progressif :
    http://www.businessinsider.fr/us/110000-students-applied-for-roles-at-deutsche-bank-2018-5
    (en l’espèce, eux sont vraiment à la ramasse)

    Répondre
  • Thibaut

    29 mai 2018

    Et puis aussi. Vous dites que la dette des Itlatiens est détenu en margeur partie par eux-mêmes.

    Selon le blog a lupus : » on sait que si la Bundesbank se retrouve avec une créance excédentaire « Target 2 » de 800 milliards d’euros, la Banque centrale d’Italie se retrouve quant à elle avec une dette de 400 milliards d’euros envers la BCE. L’Italie est donc dans une situation de dépendance financière gravissime et intenable vis à vis de l’ Allemagne.  »

    Etes-vous d’accord sinon pourquoi ?

    cdt

    Répondre
    • idlibertes

      30 mai 2018

      Je vous invite à consulter notre dossier sur l’euro (celui de 2017) ou vous trouverez les sources de tous les chiffres que nous avançons.

      Il est coutume d’entendre dire que la dette publique de certains pays comme la France
      ou l’Italie augmenterait mécaniquement en cas de sortie de l’euro de 20% ou 30% du
      fait que leur monnaie serait dévaluée d’un montant équivalent et que leur dette
      resterait en euro. Cela est inexact. Afin d’expliquer pourquoi il nous faut clarifier deux
      concepts juridiques essentiels :
      • La Lex monetae est un principe juridique international reconnu qui stipule que
      la dette d’un pays est toujours libellée dans la monnaie qui a cours légal dans ce
      pays. Ses implications sont majeures en particulier en ce qui concerne les
      contrats : tout changement de monnaie a pour effet une re-libellisation nominale
      et non réelle des contrats de droit national dans la nouvelle monnaie. De plus,
      cela ne peut pas être considéré comme un défaut selon Morgan Stanley.
      • La compétence législative détermine quant à elle la loi qui sera appliquée à tout
      litige. En effet, en droit international, le juge saisi n’applique pas forcément sa
      propre loi. Par défaut la compétence législative est celle de la juridiction
      stipulée dans le contrat.
      Au nom de ces deux concepts, le maintient d’une dette en euro dépendra soit du lieu
      où a été émis le contrat (à l’étranger ou sur le territoire national) et du bon vouloir de
      l’Etat émetteur.
      Il est important de noter que le risque de re-libellisation dépend également de la date
      d’émission des bons du trésor car depuis 2013 l’Europe a mis en place pour toute
      nouvelle émission de dette une clause obligatoire qui demande l’approbation de la
      majorité des détenteurs pour tout changement de devise. (Cette clause pourrait être
      contradictoire avec la Lex Monetae) et donc non opposable à l’Etat émetteur)

      Italie . Italie 2229 (dettes en milliards d’euros). 94,5 % (proportion de la dette nationale avant 2013) 59,2 % (depuis 2013)

      L’Italie a un solde primaire assez important : si demain l’Etat italien décide de ne
      rembourser aucune de ses dettes, il économisera suffisamment en charges d’intérêts
      pour être en surplus budgétaire ! Par conséquent l’Italie peut très bien forcer la main
      des investisseurs en faisant comprendre aux détenteurs des obligations italiennes que,
      s’ils ne votent pas pour une re-libellisation, ils devront assumer une perte de (X%) sur
      la valeur des obligations qu’ils détiennent.
      Pour la France ou l’Espagne cela est plus problématique car elles restent dépendantes
      des marchés financiers.

      Il est important de préciser que la dette ne se renchérirait que dans le cas où l’euro
      s’apprécierait par rapport à la nouvelle devise des pays sortants. S’il est aisé de prédire
      une dévaluation de la nouvelle drachme grecque ou lire italienne, cela est plus
      incertain pour la France et l’amplitude exacte est difficile à évaluer.
      Une chose demeure cependant sûre pour l’ensemble : mieux vaut faciliter le paiement
      des dettes par un retour aux monnaies nationales et à la croissance que de précipiter
      les Etats vers un défaut généralisé, ce vers quoi nous allons inéluctablement
      aujourd’hui. Etre payé en monnaie nationale ou ne pas être payé du tout, telle est la
      question…

    • Thibaut

      31 mai 2018

      Merci pour vos réponses Monsieur.

      Très cordialement.

  • Thibaut

    29 mai 2018

    Bonjour M. Gave,

    F. Asselineau prétend qu’en cas d’explosion de l’euro, le franc étant dans la moyenne des monnaies composant l’euro, le franc ni ne s’apprécierait, ni ne se déprécierait…

    Etes vous d’accord? Sinon pourquoi?

    Très cordialement.

    Répondre
    • idlibertes

      29 mai 2018

      Cher Thibaut,

      Personne ne peut prétendre connaitre la valorisation du Franc si nous choisissions d’y revenir. Ce qui est certain en revanche, est la différence entre les dettes d’avant 2013 et celles d’après (voir dossier sur l’euro de 2017 sur notre site).
      D’autre part, il est bien évident que le Franc serait moins bien évalué que le DM (comme toujours) mais surement mieux que le Drachme.

      Le « prix » d’une monnaie dépend de tellement de facteurs politiques, industriels, état de la dette étatique, âge de la population, richesses inhérentes, que quiconque me parait affirmer ceci ou cela pour un temps donné par définition incertain( dans 6 mois? Dans 3 ans? Das 9 ans?) me parait plus que… pitoresque, je vais dire.

  • Laverdet

    29 mai 2018

    Vous sous-estimez la clique politique italienne qui a plus d’un tour dans son sac ,elle est en train de nous jouer le truc de Macron Bis , l’homme de la banque souriant ni de droite ni de gôche ni d’ailleurs , cela fera gagner le temps de mettre sur pieds l’opération « Macron à l’italienne » ,et Salvini et Di Maio qui croient les élections gagnées seront submergés par la menace des banques et le forcing des médias ….vous verez ..

    Répondre
  • vieux dinosaure

    29 mai 2018

    En plus des banques Europeennes, les niveaux des dettes et la hausse du Dollar vont causer beaucoup de degats dans les marches emergents.
    La Turquie est le premier maillon de la chaine. L’Argentine, le Mexique, l’Indonesie, ne sont pas loin. Avec l’effet de contagion d’autres suivront , surtout ceux qui gardent une parite fixe avec le Dollar. Meme Mobius , specialiste des marches emergents , est tres reserve.

    Cash is king pour quelque temps.

    Répondre
  • Denis Monod-Broca

    29 mai 2018

    Rappelons-nous ce long feuilleton : l’Europe et la Turquie, la Turquie et l’Europe, la Turquie est-elle ou non en Europe ? la Turquie doit-elle ou non adhérer à l’Europe ?
    Il fut l’occasion d’un incroyable étalage de mépris à l’égard de la Turquie et des Turcs. Comment dans ces conditions s’étonner de la popularité d’Erdogan et de son orgueil sans mesure ?

    Répondre
    • Charles Heyd

      29 mai 2018

      Mais c’est bon sang bien sûr, l’Europe avec la Turquie, pays on ne peut plus européen, serait plus forte et les Allemands, leurs « anciens » alliés se feraient un plaisir de payer leurs dettes!
      et c’est encore plus vrai, Erdogan ne pouvait que se radicaliser (au sens propre et figuré du terme) face au mépris des Européens!

      bref, c’est encore et une fois de plus notre faute!

    • Denis Monod-Broca

      29 mai 2018

      @ Charles Heyd

      L’idéologie européiste, comme toutes les idéologies, est mensongère. Elle veut unir, elle désunit, elle veut la fin des frontières, elle en crée de nouvelles, elle veut la démocratie, elle l’etouffe… Oui, je crois que, par elle, nous avons fait, nous pays européens européistes, beaucoup de mal et continuons à en faire, à l’intérieur de nos frontières comme autour de nous.

  • Taote

    28 mai 2018

    « Jamais l Italie n a été en position aussi favorable pour quitter l euro »…….
    Et bien c est pas demain qu elle pourra sortir….
    Ne pas confondre ses désirs pour des réalités….c est le lot des cocus…

    Pour la Turquie,vous allez voir comment les européens et surtout les allemands vont se coucher…comme disait Chirac,cet homme grand par la taille….Pshittt

    Répondre
  • sassy2

    28 mai 2018

    Bien que je jouais beaucoup à la guerre… lorsque j’étais jeune l’un des premiers chocs que j’ai eu fut le jugement et l’exécution filmé de Ceaucescu sur la télévision d’état française ORTF1. Pire ce fut celle du couple (avec Madame: un manque de courtoisie et d’éducation évident)

    J’avais trouvé cela très louche. Ce n’est que bien après que j’ai vu que soros avait été là bas actif avant… et passif après (mise en paiements des intérêts & dividendes)

    Je ne dis pas que soros va bousiller erdogan, ou a voulu ou que quelqu’un d’autre va le faire.
    Mais veuillez si cela vous intéresse, admirer le palais repris dans l’article d’aujourd’hui:

    http://www.dailymail.co.uk/news/article-4419762/A-tyrant-palace-three-times-White-House.html

    et le comparer à celui-ci
    https://www.boursorama.com/videos/actualites/roumanie-la-residence-du-nicolae-ceausescu-ouverte-au-public-295b15bd233d7fb6f9d28b5b482e5b17

    Répondre
  • Marm

    28 mai 2018

    Pourriez vous expliquer en quoi il ne serait pas possible pour la Turquie de « rouler » sa dette?

    Après tout, ces échéances à 12 mois constituent un grande partie de sa dette, et compte tenu de son niveau acceptable (28% du PIB apparemment), et du niveau attractif des taux d’intérêts (vers 8%), cette solution ne semble pas inenvisageable, si?

    Répondre
    • sassy2

      28 mai 2018

      elle peut rouler sa dette mais avec une devise qui varie souvent de >2pc par jour, alors faut un sacré taux d’intérêt.
      Et plus le taux monte alors plus elle va varier
      (ce qu’à dit Erdogan lorsqu’il a expliqué qu’en réduisant ses taux alors la monnaie allait se stabiliser peut fonctionner, par l’entremise de la vélocité?, mais , semble t’il et c’est euphémisme, pas dans le cas de la turquie actuellement)

    • Marm

      29 mai 2018

      La volatilité du TRY n’est pas très loin du MXN, sans pour autant poser des problèmes de financement de la dette.

    • sassy2

      29 mai 2018

      Carlos Slim va bien prendre mais ultérieurement (dollar +50% , le mur c’est aussi pour lui, us ne veulent pas d’un peso au tapis )
      La Turquie (dollar +400% sur 10ans) pourrait rouler sa dette facilement une fois qu erdogan

      Sa maison a le même nombre de pièces que celle de Ciaosescu

  • Mc_Ben

    28 mai 2018

    Vraiment, j’ai de plus en plus de mal à avoir de l’empathie pour les contemporains.
    Les contemporains représentent l’immense majorité pour qui la chute de l’euro est impensable, inconcevable, inimaginable,
    invraisemblable…impossible !!!
    Au départ j’ai essayé d’évangéliser la bonne parole sur le certain devenir de notre chère monnaie auprès de ma famille et de mes amis. Et bien
    j’ai l’impression d’avoir été ridicule (à moins que ça ne soient eux, question de point de vue me direz-vous !) – verbatim : « mais l’euro nous a
    préservé de la guerre », « sans l’euro pas de stabilité des prix », « grande stabilité grâce à l’euro », « on est plus fort à 25 » ou plus remarque
    plus détestable à mon sens « tu n’es pas très positif », « évite de parler de sujets polémiques comme ça ce ne pas très correct, ça ne se fait pas en société ».
    Une pensée pour le bobo parisien bac + 5 : « Voyons, l’immobilier ne baissera jamais ! C’est une valeur sûre d’ailleurs j’ai investi 500 000 euros
    dans mon appartement de 49 m² »

    On dirait que le bateau commence à couler et que les gens continuent à jouer au carte…

    Pendant ce temps-là, l’euro plonge à 1,16 (EUR/USD). Certains monnaies ont déjà vacillés (argentine, brésil, turquie). A qui le tour en septembre, décembre prochaine…

    Pendant ce temps-là, la DB fait 3 milliards de perte en ayant distribué 3 milliards de bonus.

    Pendant ce temps-là, Target 2 nous donne des sueurs froides.

    Pendant ce temps-là, Trump fait le chaud et le froid.

    Pendant ce temps-là, AUCUNE monnaie commune n’a vécu très longtemps (par exemple le dinar yougoslave).

    « Les français sont des veaux » (De Gaulle), et ils finissent rapidement dans nos assiettes (entre 12 et 23 semaines en général).

    Répondre
    • satterroller

      28 mai 2018

      pas mieux

    • mat

      10 août 2018

      Vous avez probablement investi dans de l’or ou de l’argent en 2012-2013 pensant que tout allait s’écrouler (je l’ai fait) au lieu d’investir dans un appart à Paris comme le bobo bac +5. Au jour d’aujourd’hui c était un mauvais choix (et votre famille a un peu raison :-). Ne suivez pas les prêcheurs d’apocalypse, c’ est leur business model. …vous devriez penser a cette citation de Kundera et vous vivrez mieux « Je préfère vivre en optimiste et me tromper, que vivre en pessimiste pour la seule satisfaction d’avoir eu raison »

  • Iznogoud

    28 mai 2018

    Les banques européennes n’avaient pas vraiment le choix, la BCE en rachetant tous les papiers européens a empêché ces banques d’avoir du rendement à risque « normal », si elles ne tentent pas les pays du Club Med ou les émergents, elles se retrouvent avec du rendement inférieur à 1%.
    Au lieu de faire sauter sagement l’€ en 2011, on a aplati la courbe des taux pendant 7 ans pour faire tourner le manège.

    Le plus dangereux ?

    Ce sont peut-être les produits dérivés, CDS …

    Car il est fort probable qu’il y en ait un peu partout et on risque un machin à la Lehmann Brothers.

    Répondre
  • candide

    28 mai 2018

    Le coup de force du président italien (lire, la commission de Bruxelles) ressemble furieusement à un coup d’état.
    Les autorités européennes ont tombé le masque et affirmé clairement qu’elle ne se souciaient ni de démocratie, ni de l’intérêt des peuples.
    Comment se débarrasser de cette engeance ?

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    • Sébastien

      28 mai 2018

      Les oins du seigneur ont fait ce qu’il fallait dans leur logique. Et je crois qu’ils possèdent encore beaucoup de leviers pour continuer à appauvrir les peuples, sans en subir les conséquences, élites nationales et européennes confondues. Ces gens là sont capables de trésors d’imagination pour préserver leurs intérêts. Et comme ils possèdent, et l’argent, et le pouvoir médiatique, et la quasi totalité du pouvoir politique, je ne vois qu’un effondrement total pour sortir de cette situation. Encore faudra-t-il que les peuples assument les conséquences de leurs choix passés électoraux. Et même ça, ce n’est pas gagné. Les peuples ont été de connivence pour monter ces usines à gaz. Et ils deviennent sceptiques bien tard, en tous cas chez nous en france.

  • Gerldam

    28 mai 2018

    Sur l’Italie, il me semble que l’abandon de M. Conte de former un gouvernement suite au refus par le Président du nom du futur ministre des finances et la probable nomination d’un gouvernement « technique » à la Mario Monti relativise un peu votre propos. En revanche, si la Turquie plonge, quelle excellente nouvelle!
    Quant à l’euro, je crains qu’il ne faille attendre encore un peu, tant les « vested interests » dans cette monnaie sont importants, surtout du côté des dirigeants politiques

    Répondre
    • Iznogoud

      28 mai 2018

      Si la Turquie plonge, c’est un risque systémique car ses dettes et les CDS adossés sont sans doute disséminés un peu partout.

  • sassy2

    28 mai 2018

    World’s Oldest Marketplace Is Awash With Dollars and Anxiety

    « Judging by the amount of dollars on offer at Istanbul’s Grand Bazaar, it’s an ordinary day in Turkey. That changes if you look for the price.

    Most of the foreign-exchange
    /////bureaus at the world’s oldest covered market turned off their electric signboards on Wednesday////,
    removing the live displays for the quotes of the greenback in liras — an oddity never seen in recent history, the bazaar’s employees say.

     »

    https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-05-23/world-s-oldest-marketplace-is-awash-with-dollars-and-anxiety

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  • Oblabla

    28 mai 2018

    Je partage l’avis général sur ce site que la fin de l’euro est programmée. La seule question jusqu’à ce jour était: quelle sera la date de sa disparition? Aujourd’hui on peut raisonnablement répondre: dans un an (pas moins, mais surement pas plus).

    Répondre
    • sassy2

      28 mai 2018

      1 an, vous y allez fort!

      Peut-être que la chose ne se réglera que par les politiciens.
      Mais par politiciens je n’entends pas les politiciens de bruxelles ou paris espagne, contingents.
      Peut être les vrais politiciens potents seraient:
      1merkel (qui sort)
      2trump poutine même la chine
      3des généraux et des tireurs d’élite
      4des groupes style loge P2 (évoqué par christine o ce samedi sur france culture, assimilable à 3)
      5 des politiciens qui font 5 à 35% max
      enfin 6 des milliardaires chevaleresques associés avec 1 2 3 4 5
      7 ?

      J’espère que vous faîtes parti de 1 2 3 4 5 6 7? 😉

      Là ou on ne peut que vous rejoindre est que dans moins d’un an la BFInvestissement de deutsche bank serait en extinction-forcément pipeau-. Prélude à 1

    • Mc Ben

      28 mai 2018

      On s’en rapproche de la fin de l’euro mais la question qui me taraude le plus est sur le scénario. Quel enchainement entre :
      – Dévaluation (cf argentine, turquie) lente ou rapide ou flash ?
      – Retour en catastrophe sur un euro franc ? (scénario évoqué par Marine Le Pen à la télé avec mise en place de parité variable tout en conservant un euro pour les échanges internationaux)

      Et quel déclencheur en cas de crise brutale ?

      Je pense que la DB va jouer un rôle majeur du genre l’asteroide financier intergalactique qui rentre en collision avec la terre ! Heureusement bruce willis viendra nous sauver !!! youpi !

    • Dominique

      28 mai 2018

      Ils ne lâcheront pas comme ça., du moins pas avant d’avoir saigné les Peuples

  • london

    28 mai 2018

    « Les deux partis qui viennent de parvenir au pouvoir en Italie… »
    Sont-ils vraiment au pouvoir? Hier soir il y a eu ce qu’on peut appeler un coup d’état institutionnel que je résumerai ainsi: le président italien a refusé le gouvernement proposé par les deux partis arrivés au pouvoir, nommé un 1er ministre technique (ancien du fmi et ancien ministre europhile…) chargé de constituer un gouvernement « technique » soi-disant provisoire. Le président a annoncé qu’en fonction de ce qui allait se passer au parlement, il verrait s’il y aurait lieu de convoquer de nouvelles élections à l’automne prochain… Donc clairement un coup d’état. Forcément ça va bien se passer, pour qui? Pour Bruxelles ou pour les Italiens?

    Répondre
  • MVS

    28 mai 2018

    Bonjour,
    Je suis un patron de PME et je songe à ma trésorerie en grosse partie sur des comptes courants. Quid de la garantie des dépôts bancaires à 100k EUR (FGDR… vaste arnaque)?
    L’Europe peut-elle siphonner ainsi les comptes des entreprises?
    Je ne trouve pas d’informations claires sur le web.
    Merci d’avance à ceux qui savent…

    Répondre
    • Dominique

      28 mai 2018

      Je suis également patron de PME et j’ai la même inquiétude : A ma connaissance le fonds de garantie est doté de 3 ou 4 milliards EUR, c’est-à-dire rien. Vous divisez ce montant par 100 KE et vous obtenez le nombre de ceux dont il faut faire partie pour être indemnisé. La sortie étant étroite : Aucune chance, désolé
      Rien ne dit que les comptes professionnels seraient épargnés
      M. Gave, pourriez-vous nous recommander quelques institutions bancaires ou il serait bon de faire quelques dépôts, juste au cas ou…
      Merci

    • Dominique

      29 mai 2018

      Suis également patron de PME et partage la même angoisse. Si Monsieur Gave pouvait nous conseiller ou nous recommander quelques établissements solides, nous lui en serions infiniment reconnaissants

    • Dominique

      29 mai 2018

      Je suis également patron de PME et j’ai la même inquiétude :
      M. Gave, pourriez-vous nous recommander quelques institutions bancaires ou il serait bon de faire quelques dépôts, juste au cas ou…
      Merci

  • François

    28 mai 2018

    Bonjour Monsieur Gave et merci de votre commentaire.
    Cependant comment interprétez vous le refus du président Italien d’avaliser le nouveau gouvernement ? Seules les affaires courantes vont être effectuées mais aucune décision majeure ne peut être réalisée dans ces conditions.

    Répondre

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